J’aurais pu brader ça dans un dossier Thrash Metal Attack classique, mais l’affaire méritait qu’on s’y attarde un peu plus que quelques lignes. Car en effet, FUGITIVE est tout sauf un projet lambda, puisqu’on retrouve en son sein des figures massues de la scène extrême contemporaine, titillant le spectre du supergroupe, sans vraiment en endosser le costume. Des figures que vous connaissez bien, des groupes références que vous aimez bien, pour un tout petit EP de moins de vingt minutes, mais vingt minutes qui dépotent grave et font honneur au pedigree de leurs auteurs.

Les CV ? Du solide, la preuve, un bassiste, Andrew Messer (ANS, BARRICADE, RAZORBUMPS, DRAKULAS (live), ex-COLLICK, ex-KIRA JARI, ex-MEAN AND UGLY, ex-OCCULT DETECTIVE CLUB, ex-STYMIE), un batteur, Lincoln Mullins (CREEPING DEATH, FUMING MOUTH (live), TIME WALK (live), CELLBLOCK, CHARACTER ASSASSIN, HOLY ORDER, SOMETHING YOU'RE NOT, ex-KOMBAT (live), ex-SURVIVAL METHOD (live), ex-EXPLODER, ex-THE LUNG, ex-FACING WORLDS (live), ex-PANIC ROOM (live), ex-PULLED UNDER (live)), deux guitaristes, Blake Ibanez (POWER TRIP, ex-ETERNAL CHAMPION) et Victor Gutierrez (IMPALERS, CRIATURAS, VAASKA), et pour finir, un chanteur, Seth Gilmore (SKOURGE), soit la crème de la crème pour une première réalisation qui vaut le détour.

Du Thrash ? D’accord, mais pas n’importe lequel, pas celui qui court après la nostalgie comme James après son skate, mais celui qui prend en compte les impératifs de son époque pour les adapter à un contexte classique. De fait, avec trois originaux chantés, un instrumental et une reprise de BATHORY, FUGITIVE se présente comme un jeune fugueur sur les routes de la violence, ne cherchant pas forcément un endroit où passer la nuit.

Immanquablement, on pense à la nouvelle génération, et plus spécialement aux POWER TRIP, eu égard à ces accents sombres que prennent ces chansons, et à leur attaque sournoise et grave. Mais on songe aussi à l’arrière-garde, qui ne s’est jamais rendue et qui n’est pas morte non plus, à cause de ce formalisme de composition, alternant les plans Heavy et les envolées maîtrisées, et le spectre de MORBID SAINT, MORTAL SIN et pourquoi pas d’un LAAZ ROCKIT des années 90 secoue ses chaînes près de nos tympans, pour nous avertir d’une nuit sans rêves.

Pour être apprécié à sa juste valeur, Maniac s’avale d’un trait, et d’une goulée gourmande. Transposant le New-York d’OVERKILL à Dallas, Texas, les FUGITIVE jouent la carte du Speed raisonnable, avec cet up tempo sautillant caractéristique des combos les plus portés sur le Crossover. En version lourde, en version pseudo légère, le quintet assure dans les grandes largeurs, et nous fait clairement regretter que cet EP ne soit pas LP, pour apprécier quelques morceaux épais de plus.

Avec en sus un son énorme, une grosse caisse profonde, des riffs cisaillés sans rouiller, un chant vomi entre régurgitation Death et vocifération Hardcore, une énergie de tous les diables, et pas les plus recommandables, FUGITIVE signe une œuvre courte mais solide, qui se termine par un hommage au Dieu Quorthon, avec une appropriation de son « Raise the Dead », dix fois plus puissante que l’original, qu’on retrouvait dès 1984 sur ce fameux LP à tête de bouc jauni.

Une affaire solide donc, et un amuse-tympans qui exige une suite rapide, et conséquente. Comme le précise YouTube, « Hardcore, Thrash et Crossover », pour l’un des cauchemars Thrash les plus profonds de cette fin d’été 2022. De quoi faire passer l’envie aux touristes de venir camper près de chez vous, en leur injectant cette dose de PESTILENCE/POWER TRIP de votre balcon.   

Titres de l’album :

01. The Javelin

02. Maniac

03. Hell's Half Acre

04. Neutralized

05. Raise the Dead (BATHORY cover)

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