Old Skull

Demise

21/01/2021

Autoproduction

Vu d’ici, et malgré une connaissance accrue de l’underground le plus boueux, on pourrait envisager les DEMISE comme une nouvelle entité maléfique en provenance d’Amérique du Sud. Mais il n’en est rien, et bien au contraire, puisque le groupe agite les salles et les caves de son pays depuis l’année 1992, malgré une première intervention discographique plus tardive. C’est en 1997 que le combo se démarque de l’anonymat en lâchant un album live, avant de devoir patienter encore douze ans pour publier son premier pamphlet studio. Un parcours assez erratique donc pour cette légende locale qui a enfin trouvé son rythme de croisière depuis les années 2000. Et c’est après la parution de Mode : Terror que le monde a découvert le Death barbare de ces animaux-là, encaissant pas moins de quatre longue-durée dans la foulée. C’est ainsi que le dernier effort en date de la bande, From Brutality to Obscurity avait agité le désespoir de 2020 de ses rythmiques brutales et de ses lignes de chant cryptiques, et dans l’impossibilité de se produire live, DEMISE remet donc le couvert un an après avec ce sixième LP, Old Skull, qui respecte en tout point sa philosophie de base.

Laquelle ? Jouer un Death farouche et cruel, méchamment inspiré par la vague suédoise en la matière, mais aussi empreint de formalise américain en vogue à l’aube des nineties. En résulte un nouvel album qui ne fait pas tâche dans la discographie des vénézuéliens, qui font toujours preuve d’autant de conviction dans la cruauté et la gravité.

Old Skull répond donc à des critères Death bien précis, et à un cahier des charges complet. D’abord, une production profonde et caverneuse, qui permet d’apprécier ces riffs morbides baignant dans le jus de leur linceul. Ensuite, une sorte de crossover entre la méchanceté rigide scandinave des années GRAVE, et son pendant plus souple de la période AT THE GATES. Mais pas de méprise, ici, les mélodies sont traitées de façon maladive, et non comme de jolies ornementations sur le cercueil. Pas question de séduire les néophytes par une approche trop mainstream, l’accent est mis sur la barbarie, précise, et même chirurgicale. Le quintet (Keny Godoy - batterie, Andrés Buitrago & Bernardo König - guitares, Alvaro Parra - chant, et Ruben Granadillo - basse) sait donc exactement comment obtenir ce qu’il souhaite, et l’impact des morceaux s’en ressent sur l’organisme.

Et après une court intro classique mais bien placée, c’est le terrible et ample « Reborn Against Your Will » qui entame les hostilités sur un tempo à la ENTOMBED, pour un lifting des méthodes d’embaumement suédoises. Le tout est efficace, convaincant, incroyablement bien mis en place, et le massacre commence donc sous les meilleurs auspices. Et ce sont d’ailleurs vos tympans qui risquent de finir à l’hospice après une telle salve de violence, même si les DEMISE ne sombrent jamais dans le chaos du Death trop concentré et underground. On sent que les longues années de carrière ont permis de peaufiner la vision, même si des blasts réguliers viennent prouver l’allégeance du groupe à la frange la plus radicale du créneau. Le chant de Parra, parfait, profond, caverneux permet d’apprécier des lignes mélodiques qui ne dénaturent pas le sadisme du propos, et le tandem formé par Keny Godoy et Ruben Granadillo tourne à plein régime pour que la température ne retombe jamais.

Toutefois, le groupe sait aménager des espaces plus aérés, mais pas plus conciliant pour l’audition. Le marteau et l’enclume subissent donc les assauts répétés d’un quintet qui n’a cure de votre équilibre, et si le formalisme ambiant n’est pas sans rappeler les CARCASS ou BOLT THROWER (« Death Guarantee »), l’enthousiasme de psychopathes des musiciens permet de tirer le projet vers le haut, et de le protéger de la falaise du plagiat. Rien de neuf, pas grand-chose d’audacieux, mais du métier, de l’aisance dans les dissonances (« Banished From This Earth »), une capacité indéniable en terrain lourd et oppressant, et quelques montées en puissance à même de séduire les moins équilibrés des fans de brutalité musicale (« Redemptions To The Gods »). Une sorte d’accommodation des recettes anciennes pour les garder au goût du jour, un goût très barbare et tartare, mais un goût agréable qui persiste en bouche comme un bon bout de barbaque légèrement avarié, mais savoureux et saignant.

Après ces décennies de carrière, les vénézuéliens gardent donc la foi, et nous réservent même une outro mélodique et venteuse, histoire de nous laisser sur une impression de malaise palpable. Sacrée torgnole donc que cet Old Skull qui brise les cranes sur son passage et qui sous des allures de char d’assaut d’outre-tombe aux chenilles épaisses s’avère machine de guerre précise et sans pitié.

                     

                                               

Titres de l’album:

01. Infernal Majestic

02. Reborn Against Your Will

03. Flesh Of Mortal Souls

04. Death Guarantee

05. Banished From This Earth

06. As You Die

07. Cause Of Agony

08. Redemptions To The Gods

09. Beneath The Ground


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par mortne2001 le 13/12/2022 à 18:06
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