Je me disais justement récemment que j’avais laissé de côté le Black Metal au profit de musiques plus consensuelles et moins nihilistes. Il était donc temps d’essayer de rattraper mon retard, mais pas de n’importe quelle façon. Il me fallait trouver un projet suffisamment intéressant pour m’y plonger, et une fois encore, c’est l’expérimental qui m’a décidé, lorsque je suis tombé sur le second longue-durée d’un projet assez étrange, tant sur le papier que sur le vinyle. Et c’est bizarrement de Californie que l’exutoire m’est arrivé, état bien peu propice aux exactions sombres et autres misanthropies ombrageuses. De là nous en vient le concept PANDISCORDIAN NECROGENESIS, actif depuis 2008, mais assez mesuré en termes de production discographique, puisqu’outre un premier LP publié en 2010, le groupe n’a édité que trois démos en 2009, 2014 et 2018. C’est donc une longue pause de huit ans qui aura été nécessaire aux musiciens pour revenir sur le devant de l’autel, bien que le pluriel ne soit pas de mise dans ce cas précis. Car une fois encore, c’est un one-man-band dont nous traitons, mené de capuche de velours et de gant de fer par Ephemeral Domignostika (ASUBHA, MASTERY, PALE CHALICE, ULTHAR, ex-HORN OF DAGOTH), alias Steve Peacock pour l’état civil, qui nous propose avec cet Outer Supernal une conception bien personnelle du Raw Black. Raw Black pour l’économie de moyens, mais surtout par essence, puisque loin de se contenter de nous refourguer deux ou trois plans décharnés jusqu’à la moelle et déjà curés par les DARKTHRONE et l’école canadienne, l’américain s’est livré à un véritable travail de recherche et de composition pour organiser ses idées, et nous livrer l’un des albums les plus fascinants du cru, sans dévier des dogmes du genre qui interdisent formellement les fioritures. Pour autant, inutile de vous attendre à un son faisant passer les premières démos de GNAW THEIR TONGUES pour des signatures de Bob Ezrin, puisque la production de ce second long est épaisse, suffisamment en tout cas pour capter les tonalités et les mélodies de riffs qui ne manquent pas de piquant.
Mais là où l’intérêt s’éveille, c’est lorsqu’on remarque dans quelles conditions cet album a été enregistré. Les projets solitaires étant monnaie courante dans le BM, le fait qu’un seul homme joue de tous les instruments n’a rien de surprenant en soi. Mais le fait qu’il joue de tous les instruments en même temps est déjà beaucoup moins banal, d’autant plus que le musicien s’en tire très bien dans son rôle d’homme-orchestre. Nous célébrons donc l’avènement du premier Remy Bricka de l’ère Black, à l’exception près que Steve n’a pas de colombe sur sa grosse caisse, mais bien un corbeau sur ses épaules. Mais en dépit de ces allusions assez cocasses, il n’en reste pas moins que la performance est assez bluffante, puisque loin d’une prestation de cirque, le jeu global de l’homme tient admirablement bien la route, répondant d’ailleurs à des critères d’improvisation assez étonnants eux aussi. Pour être plus clair, en se basant sur une structure réduite de percussions, guitare et voix, Ephemeral Domignostika manipule donc les pédales et la caisse claire de sa batterie avec les pieds, tout en jouant de la guitare et en chantant, ce qui n’est pas donné à tout le monde. Accordons donc au musicien un sens du rythme assez poussé, mais aussi une inspiration plurielle, puisque son BM s’accommode fort bien de principes Raw tout en tâtant de l’Ambiant, histoire de créer une ambiance envoutante et nous entraîner dans son monde bien particulier.
Après avoir jeté une oreille par curiosité sur son premier effort, Cerebral Quasaric Lacerations, je constate des progrès énormes accomplis au niveau pratique instrumentale et agencement des idées, et une créativité accrue qui permet à Outer Supernal de se hisser bien au-dessus de la masse grouillante de groupes de BM de caniveau. Car si l’autodiscipline a poussé le musicien à se passer de comparses et à réfuter tout overdub pour capter sa musique en live, cette dernière n’en est pas moins logiquement structurée, et surtout, terriblement accrocheuse. Dans une veine de BM roots old-school des années 90, le bonhomme s’en tire avec les honneurs, et développe un BM rapide et sans pitié, toutefois conscrit dans un périmètre mélodique et logique assez ferme. Pas de bruit continu, pas de feedback excessif, pas de Noise à craindre, mais plutôt de la violence gardée sous contrôle, et une envie de jouer une musique simple et directe, mais suffisamment futée pour intéresser les plus exigeants. On pense évidemment à l’école US du genre trempant sa plume dans l’acide scandinave, mais aussi à des réminiscences des cousins du Nord, canadiens jamais avares d’ambiances sombres et de guitares crues. D’ailleurs, Ephemeral Domignostika a l’intelligence de varier les tempi et les textures, passant d’un morceau purement épileptique à des lourdeurs extrêmes héritées du BATHORY période viking ou du DARKTHRONE le plus glauque et claustrophobique (« Throne Ascension », incroyable de se dire que ce morceau empathique a été enregistré par un homme jouant de tous les instruments simultanément), jouant même parfois le jeu dangereux de la dissonance à outrance pour déformer le reflet morbide projeté (« Hidden Supernal », méchant comme du PRIMITIVE MAN et souillé comme du DODECAHEDRON passé au ralenti de la moulinette ENCOFFINATION), réussissant son pari de variété sans dénaturer l’homogénéité de l’œuvre.
D’ailleurs, la fin de l’album, en decrescendo de rapidité nous embarque dans une descente aux enfers programmée, les riffs devenant de plus en plus cycliques et les percussions de plus en plus martiales. L’ensemble prend alors des airs de procession funèbre, enterrement de première classe pour un projet assez unique en soi. Déposant à intervalles réguliers des intermèdes Ambient (l’intro « Gate Of Shields », efficace et brève, « Gate of Uncreation », apaisée et mélodique, le final « Gate of Vexations », électronique et zen), Ephemeral Domignostika nous offre donc un album aux détours pensés, aux fluctuations réfléchies, et ne se contente pas de jeter en pâture aux nihilistes quelques idées éparses. Ses morceaux sont de facture professionnelle, et tiennent largement debout malgré une durée globale assez étendue. Certains auraient même de quoi devenir des classiques (j’en reviens au phénoménal « Depth Ascension » et au traumatique « Hidden Supernal », sortes d’adaptations des répétitions hypnotiques des premiers SWANS dans un idiome purement BM), et au final, malgré ce gimmick d’homme-orchestre qui sera à n’en point douter le point de focalisation des traqueurs d’exotisme extrême, PANDISCORDIAN NECROGENESIS est bien plus qu’un simple numéro de clown triste, mais bien un projet viable, aux aspirations artistiques indéniables.
Titres de l'album :
1.Gate of Shields
2.Outer Supernal
3.Void Supernal
4.Hidden Supernal
5.End Supernal
6.Gate of Uncreation
7.Blood Ascension
8.Throne Ascension
9.Rift Ascension
10.Depth Ascension
11.Gate of Vexations
Une vidéo de poseur : Mes vinyles les plus underground... / David Martin
Jus de cadavre 13/12/2020
A écouter ce morceau, j'ai tous les poils du corps qui me flagellent ! Je crois que ma crinière et cette musique ont une mauvaise influence sur eux !
20/01/2021, 01:20
What a beautiful corpse! Franchement, du son putréfié comme je l'aime ! Achat sanctionné de mon sang corrompu ! Faites rouler le cercueil !
20/01/2021, 00:22
Ça sent la tôle tous ses chefs d’accusation, il a a au moins les couilles de défendre ses idées pas comme ici ou c’est devenu tarlouze land.
19/01/2021, 22:35
Comme KKing dit, il a fait une connerie, ben il assume, basta. Irreconcilables, ces deux Ameriques, en effet. Bah, lui il fera un peu de taule ou qques semaines d'intérêt general. Et franchement, les thèmes du groupe et cette connerie, je vois moye(...)
19/01/2021, 19:23
L'idée du test a l'entrée est la meilleure idée.48/72 heures avant, et comme on dit "l'amour du risque".
19/01/2021, 18:32
Iced Earth c'est Jon Schaffer est rien d'autre actuellement on ne va pas se mentir, la formation actuel est loin de la glorieuse de l'époque et les membres sont tous arrivé il y a moins d'une décennie, sauf le batteur qui le suit depuis pas mal d'ann&(...)
19/01/2021, 18:18
Bien vu pour le Deicide. :-)... ou un petit "Slaughter in the Vatican". Cathartique. :-)
19/01/2021, 17:45
Assez d'accord avec Moshi concernant la réaction des autres membres du groupe. Personnes ne pouvait s'être préparer à une telle situation
19/01/2021, 17:23
Sérieusement, quand on s'intéresse un peu aux thèmes développés par le groupe ... et donc leur leader, ça n'a rien de très surprenant de le retrouver là dedans. Il a choisi de se rendre et d'assumer les conséquences de (...)
19/01/2021, 17:15
Perso, qu'ils partagent ou non ses idées, je comprends la réaction des autres membres du groupe... Il font tranquillement leur musique, sans embêter personne (enfin, je crois), et, tout d'un coup (ou pas) en voilà un (et le leader en plus !) qui se met à(...)
19/01/2021, 16:26
Qu'ils rouvrent déjà les cafés concert, les concerts devant un écran géant il n'y a pas urgence
19/01/2021, 15:38
Message coupé que je continue...Écoute toi un petit Deicide ça ira mieux
19/01/2021, 15:34
La différence de traitement entre Noël et le 31 décembre m'a également surpris. J'y vois d'abord une justification sanitaire (discutable) : le soir de Noël les familles ce sont plutôt les familles qui se rassemblent tandis que le 31 ce sont plut(...)
19/01/2021, 15:21
Désolé, je suis un peu raide sur la question mais j’ai été traumatisé par une famille trèèèès portée sur la religion. Depuis je bouffe un peu du curé et je vois des calotins partout, ne m’en voulez pas. :-)
19/01/2021, 15:15
Bones, peut-être parce que Noël se fête traditionnellement en famille et à la maison, alors que le 31 tout le monde est dehors à faire la fête ( et les cons)? Noël, ouvertement catho ? Pas dans mon monde moi, désolé....
19/01/2021, 14:47
Je rejoins forcément totalement mon coreligionnaire du dessus !L'ajout de vidéos d'antan, c'est juste génial !PS : "Voyage au centre de la scène - Les 30 ans de CYTTYOLP !"...Putain, David, t'as fait tr&egra(...)
19/01/2021, 14:03
Pas mal du tout VAISSEAU.Classique dans l'ensemble mais bien torché.Par contre, L'Apache, je ne vois pas ce que cela à de Doom... Hormis la pochette bien sûr (superbe au demeurant).
19/01/2021, 13:26
J'avoue. Ecouté distraitement il y a quelques jours, je suis pressé de me replonger dedans, tant il m'avait déjà bien accroché !
19/01/2021, 12:39