Si la cohorte de groupes Thrash old-school semble grandir de façon si exponentielle qu’on va bientôt ouvrir des parcs d’attractions dédiés au mosh et aux grandes roues aux rythmiques saccadées, les maniaques du Death des origines évoluent aussi en rangs serrés, et finissent par former une légion aux dimensions impressionnantes. Alors, finalement, nous y sommes n’est-ce pas ? Back to basics ?
Les morgues, les cimetières, les côtes suédoises et l’enfer Floridien, on y revient. Toujours. Et finalement, c’est un bien pour un bien, puisque le Death actuel volontiers trop porté sur la technique n’a justement qu’une portée émotionnelle très limitée…
C’est ce qu’ont dû se dire les Italiens de LECTERN, bien que leur cas soit un poil différent de la masse grouillante de suiveurs qui n’en peuvent plus de renifler à plein naseaux les émanations putrides du Death des caniveaux.
Pas forcément nés de la dernière pluie acide, ces originaires de Rome ont commencé leur carrière à la fin des années 90, mais ont quand même pris leur temps pour proposer leurs vues sur un Death délicieusement classique, gardant toutefois une prise sur la réalité contemporaine d’un marché qui évolue presque aussi vite qu’un processus de putréfaction.
Ayant dû faire face à de nombreux problèmes de line-up, et à un désintérêt manifeste envers la chose Death de la part des labels et des tourneurs lors des premières années d’activité, le quatuor (Fabio Bava – chant/basse, Pietro Sabato et Gabriele Cruz – guitares, Marco Valentine – batterie) à rongé son frein, et a peiné pour pouvoir publier une poignée de EP (Bisbetical en 1999, Salvific of Perhaps Lambent onze ans plus tard, Lectern en 2014).
En 2015, leur premier longue durée voit le jour (Fratricidal Concelebration), et garde cette empreinte très marquée d’influences Floridiennes que les Italiens revendiquent haut et fort. Mais il semblerait que depuis la parution de ce premier LP, les choses se soient arrangées, puisqu’il ne leur aura fallu que quelques mois supplémentaires pour mettre une suite sur le marché, en l’occurrence ce Precept Of Delator dont je suis en train de vous parler.
Pourtant le Death massif et cohérent des LECTERN a largement de quoi séduire les fans d’un Metal de la mort qui n’a pas oublié sa principale raison d’être. De rythmiques en coup de massue à des riffs volubiles et charnus, en passant par un chant évidemment gravissime et au grain abrasif, tous les ingrédients sont utilisés à bon escient, et si l’originalité ne semble pas être le moteur principal de ces presque aînés de la cause, on ne peut leur enlever un indéniable flair pour trousser des parties hautement mémorisables et diaboliquement entraînantes. Et ce, sans avoir besoin d’édulcorer leur violence dans un quelconque Crossover hasardeux.
Les Polonais de Via Nocturna ont donc hérité de la promotion/distribution de ce Precept Of Delator qui aurait tout aussi bien pu voir le jour il y a une vingtaine d’années, si sa production massive et claire ne nous rappelait pas son AOC estampillée 2016.
Son très clair et puissant, qui permet à chaque instrument de respirer sans phagocyter l’oxygène de son voisin, analogisme de rigueur et batterie qui ne pâtit pas d’une compression outrancière, nous nageons en pleine légende du Death made in Florida, sans que les LECTERN ne puissent être accusés d’un plagiat quelconque. On sent évidemment que leurs influences sont à chercher du côté des DEATH, AUTOPSY, MORBID ANGEL, SUFFOCATION, soit la barrière légendaire des pionniers brutaux, mais l’adjonction de riffs accrocheurs et de parties en mid tempo addictives, leur permet de proposer une dérivation intéressante, qui les place dans un contexte décalé sans pour autant renier leur philosophie de base.
En neuf morceaux pour une grosse demi-heure de musique, le quatuor Italien fait le tour de la question, en y apportant ses propres réponses. S’il est certain que les réfractaires au genre n’y verront aucune forme d’évolution, les plus pointilleux sauront reconnaître un combo qui a osé prendre quelques libertés pour offrir un point de jonction entre présent et passé. Et il est évident à l’écoute de pistes comme « Precept Of Delator » que les années de galère et de patience forcée ont affûté la perspective des Italiens, qui savent maintenant clairement ce qu’ils sont et où ils vont.
Certes, le propos général le reste, mais des morceaux aussi frondeurs et catchy que « Palpation of Sacramentarian » retiennent clairement l’attention de leurs breaks à foison et de leurs licks empoisonnés, qui fonctionnent comme des thématiques HM branchées sur un compteur en triphasé Death impossible à disjoncter. Chaque plan à sa raison d’être, et il est impossible de reprocher à Precept Of Delator son manque d’ouverture ou d’ambition, qui semble d’ailleurs vouloir établir une convergence entre le Death Floridien des origines et ses excroissances bâtardes scandinaves des années 90.
Alors, les compositions évoluent certes en terrain connu, et stagnent entre les fatidiques trois et cinq minutes, avec l’exception notable de la boucherie « Garn For Debitors », qui du bas de ses deux minutes et seize secondes se veut intermède de violence crue qui en profite quand même pour caser deux ou trois idées pas forcément superflues.
Instrumentistes largement capables, fantaisies d’un batteur qui refuse de se cantonner au rôle de métronome/rouleau compresseur, et duo de guitaristes inventifs, la machine LECTERN avance et pilonne, écrase et étonne, mais sait aussi faire preuve de finesse dans son entreprise de démolition pour ne rien laisser traîner à plus d’un pâté de maisons. Abordable sans se trahir, incorruptible sans stagner, leur approche du Death est aussi nostalgique qu’en prise avec la réalité du marché, ce qui fait de ce Precept Of Delator une véritable confirmation.
Ce deuxième album s’adressera donc tout autant aux nostalgiques d’antan qu’aux fans d’un Death du présent, sans flouer l’un ou l’autre des deux camps.
Titres de l'album:
Non bien sûr je plaisantais, M'sieur Heaulme. Un artiste qui se fait enfler a mille fois raison d'en parler ! Et je sais malheureusement de quoi je parle.Respect pour Kickback. Content que tu les pu voir ce docu.
19/04/2024, 18:08
@Tourista :- "On s'en cogne"Bah non...- Tu t'es achement bien rattrapé avec ce docu qui était totalement passé à côté de mes radars.Exceptionnel.C'est pas C8 qui passerait ça bordel...
19/04/2024, 15:54
Au lieu d'aller baiser des gamines et des ladyboys à Bangkok, Stephan aurait dû apprendre à lire les contrats qu'il signe.
19/04/2024, 15:20
On s'en cogne. Non j'en profite juste pour dire à ceux qui ne l'auraient pas encor(...)
19/04/2024, 07:52
Au delà du commerce qui brûle, ce qui est ÉVIDEMMENT regrettable pour l'entrepreneur et la clientèle, il est difficile de ne pas voir le côté comique de l'événement... Au pays des clochers qui ont servi si souvent de barbecues.  (...)
15/04/2024, 18:21
Oh ça va on rigole ! Pour une musique qui se dit en désaccord avec le concept de religion, je trouve que l'on sacralise et idolâtre un peu trop de choses dans cette scène.C'est dommage c'est sur mais c'est que du matériel, ça va !
15/04/2024, 16:14
je plussoie ! cet album est effectivement fort fort bon... mention spéciale pour Howl of Gleaming Swords. Merci pour la découverte !
15/04/2024, 15:01
Oh purée !!! Merde !Moi qui ai eu la chance de pouvoir y trainer une demi journée entière (il les fallait) a la recherche de perles d'époque, émerveillé par ce magasin-musée, c'est bien fâcheux cette news.U(...)
15/04/2024, 13:47
Y a des gens ici qui n'ont aucun sens de l'Histoire et un sens de l'humour franchement bas-de-plafond.
14/04/2024, 23:29