Comment bien commencer un dimanche ? Simple, fouiner, débusquer, et analyser la dernière sortie à la mode, en l’occurrence un bel exemple de Thrash revival venu de Suède, le pays dont la production musicale ne s’arrête jamais. Aujourd’hui, un sympathique groupe venu d’Uppsala, et qui nous propose son deuxième long en mode court, sous la barre de la demi-heure, mais intense comme un missile longue portée testé par la Corée.
MORPHETIK accuse aujourd’hui cinq ans d’existence, et peut se targuer d’une jolie discographie. Deux albums et deux splits, pour un parcours impeccable, mais mesuré et réfléchi. Point trop de sorties, mais les bonnes, comme le prouve cet énervé et salement agacé Proclamation of War, à la pochette de circonstance. Une explosion nucléaire, une cathédrale qui brûle, des soldats affairés et un homme défiguré pointant du doigt je-ne-sais-quoi dans les fourrés, voilà de quoi avertir les pèlerins égarés du contexte et de sa mise en musique.
Encore une fois, c’est la carte vintage qui a été jouée, alors inutile de vous attendre à un renversement de gouvernement. Le quatuor (Anton Örjes-Liljedahl - basse, Seb Reyex - guitare, Julian Bellenox - chant et Jester J - batterie) met donc en avant des valeurs clairement rétrogrades, sans même essayer de les transposer dans une époque plus exigeante. En découle évidemment un jeu prévisible, une envie légitime, et une routine inévitable. Mais en faisant preuve d’abnégation, on parvient quand même à se motiver pour headbanguer, au son d’hymnes concis qui nous ramènent rapidement aux conflits les plus modérés des années 80.
Si le modèle de ces suédois semble être celui de leurs aînés d’AGONY, on trouve aussi dans ce tracklisting des allusions poussées à SLAYER, GAMA BOMB, EXODUS, et la liste serait longue si je tentais de la reproduire de manière exhaustive. Des riffs prétextes en scie circulaire tournant à bon régime, un chant mordant mais pas trop agressif, une rythmique solide mais souvent bloquée sur le même niveau de rendement, voilà les premières constatations d’une chronique qui n’est certainement pas dupe.
En mode War Metal tranquille, les MORPHETIK troquent les médailles de SODOM contre les décorations d’AGONY, et paradent lors du défilé annuel en prenant soin de distiller quelques figures techniques sympathiques. S’ils se définissent comme le visage le plus laid du Thrash suédois, les musiciens n’en restent pas moins musicalement polis. Pas trop rapide, pas trop méchant, et surtout, pas trop dispersé, puisque les morceaux se suivent et se ressemblent beaucoup, comme à la grande époque du style qui trustait les playlists des ados rebelles de la génération 1986/1987
Vous aimez « Death Incarnate » ? Alors vous aimerez tout l’album, qui n’est qu’une grosse répétition de ce titre d’introduction. On peut trouver ce jugement un peu péremptoire, mais restons honnête je vous prie. La Suède nous a offert beaucoup mieux que ce carbone peu inspiré, certes enthousiaste et facile à écouter, mais peu gratifiant en termes de créativité. Les MORPHETIK se contentent de recycler en espérant que la sauce prenne et que la déchetterie ne leur colle pas un procès pour plagiat.
Mais, on ne peut nier l’efficacité de l’ensemble, et sa façon crossover de syncoper sur le côté. Avec quelques bruitages de guerre totale, et des allusions au SUICIDAL le plus Hardcore, « World Wide War » confirme la tendance belligérante, et fonce droit devant à l’assaut d’ennemis de la nostalgie.
Correct mais timoré, rapide mais cadencé, sauvage mais caressé, le Thrash des suédois n’est toutefois pas si générique qu’il n’en a l’air, et hume le parfum Punk des productions de Venice pour restituer une énergie notable. On accepte le parti-pris, on respecte les décisions, mais on déplore l’absence d’un titre vraiment fort, d’un autre ultraviolent, et d’un dernier ambitieux, avec déroulé, sujet et conclusion.
Seul « Resist to Exist » atteint le format Pop des sacro-saintes trois minutes et trente secondes, et encore, de façon biaisée par le truchement d’une longue intro d’une minute. L’efficacité absolue est donc de mise, la noirceur des riffs fait se dresser les tifs, et le bilan n’est pas trop mauvais, au regard d’une linéarité prononcée. D’autant que le conflit se termine sur une grosse explosion de violence et un « Nuclear Homicide » plus musclé que le reste du plan de bataille.
Bilan juste positif donc pour un second album ferme et concis, mais scolaire et parfois proche de l’ennui. On attend un peu plus de punch, des idées plus variées, et une pugnacité renforcée. Sinon, la guerre est loin d’être gagnée.
Titres de l’album:
01. March of the Fallen
02. Death Incarnate
03. World Wide War
04. Domination
05. Death from Above
06. Endless Pain
07. Resist to Exist
08. Acolytes of Destruction
09. Fatal Incursion
10. Nuclear Homicide
Merci à Clawfinger pour ce grand moment de transgression validée par l’ordre moral dominant. C’est rassurant de voir que la “rébellion” moderne consiste à tirer sur une cible usée jusqu’à la corde, avec des punchlines dignes (...)
04/07/2025, 07:16
Il tourne pas mal chez moi ce disque, et c'était un vrai plaisir de revoir le groupe live récemment après les avoir un peu mis de côté. Un autre concert en tête d'affiche ne serait pas de refus !
03/07/2025, 16:57
Morceau décevant et sans surprise. La présence de Chris Kontos dans le groupe y fait pour beaucoup dans mon intérêt pour ce retour, mais pour le moment bof.
03/07/2025, 16:47
Je n'ai jamais aimé ce groupe, mais j'étais passé devant durant un Hellfest et en effet c'était juste insupportable toutes ces harangues (littéralement toutes les 10 secondes). Moi je m'en beurre la raie, mais pour les fans ça doit &ec(...)
03/07/2025, 12:55
Vu à Toulouse et je n'ai pas du tout accroché, pourtant vu 2 ou 3 fois depuis 2005. Et j'avais bien aimé. Rien ne surnage, ça bastonne mais pour moi aucuns titres ne sort du lot.Par contre j'ai adoré Slapshot
02/07/2025, 16:01
Votre article sur le kintsugi est un véritable hommage à l’art de reconnaître la beauté dans la fragilité et les cicatrices : mentionner son origine au XVe siècle et sa philosophie wabi‑sabi renforce(...)
02/07/2025, 15:38
@Abrioche91 : la canicule t'a trop tapé sur la tête, mon pauvre vieux. Parce que se faire à répondre aux trolls, je n'avais plus vu ça depuis VS.
02/07/2025, 12:25
@Ultra Pute, t'es bien limité comme garçon. Et tu dois sacrément bien te faire chier pour venir commenter connement ce que les autres écrivent.Moi aussi, j'aime bien les commentaires gratuits (la preuve) mais je suis surtout là pour commenter l&(...)
02/07/2025, 08:50
Pas trop mal dans l'idée.Vocalement on s'y tromperait aussi.A voir sur tout l'album, le précédent, mis à part l'opener, m'avait bien déçu
01/07/2025, 15:38
ça tartine ! bien cool cool cette grosse basse @niquetoncul oui ça doit te changer de Jinjer
01/07/2025, 14:19
Tiens, le retour du papy boomer! Normal, quand du thrash de croulant, il sort de l'ehpad. Et si c'est pas signé, c'est que c'est nul à chier, pépé!
30/06/2025, 19:47
Si seulement Spiros pouvait arrêter d'haranguer le public toutes les 30 secondes avec ses "come on my friends", les lives de Septicflesh y gagneraient beaucoup.
30/06/2025, 11:36