Après avoir exploré de nouveau la face la plus sombre du Metal finnois, me voici revenu du côté de la lumière pour retrouver le soleil des mélodies nordiques. Il est d’usage de considérer la Suède, la Norvège et la Finlande comme les terres d’accueil des mélodistes les plus soigneux, et le premier album de SHADOW TRIBE ne fait pas exception à cette règle. Nouveau concept créé par des musiciens d’expérience, SHADOW TRIBE se propose donc de combiner la finesse des mélodies AOR et la puissance des rythmiques du Power Metal, pour nous proposer un Heavy harmonique et épais, tirant sur la vitesse des groupes US les plus capés. On retrouve derrière ce nom des professionnels de la scène connaissant le métier comme personne, puisque ce nouveau duo s’est formé autour de la complicité tissée entre le bassiste Marko Pukkila (ALTARIA & STARGAZERY) et le chanteur Kimmo Perämäki (ex-CELESTY, SPIRITUS MORTIS & MASQUERAGE), qui pour l’occasion se sont entourés du guitariste Simo Pirttimaa et du batteur Petri Heinonen (KING SATAN). Alléché par l’odeur de l’union de ces vieux briscards, le label allemand Pride & Joy a aussitôt dégainé ses contrats pour s’assurer de la fidélité du quatuor, et c’est ainsi que cet album enregistré entre 2018 et 2020 a pu voir le jour. Et en regardant de plus près le pédigrée des instrumentistes impliqués, on comprend que l’amateurisme n’aura pas droit de cité, et que les compositions seront léchées et peaufinées à l’extrême. Après tout, Marko Pukkila ne traîne pas ses basques dans le business depuis plus de vingt ans pour rien et ne s’est pas retrouvé à jouer avec des pointures comme Vinny Appice, Kee Marcello, AJ Pero, Frankie Banali, Rowan Robertson & Ryan Roxie par hasard. Le bassiste est un session-man renommé et recherché, et cette nouvelle alliance ne fera qu’enrichir un CV déjà bien fourni.
Dès lors, qu’attendre d’autre de ce projet qu’un professionnalisme mélodique extrême ? Rien, je vous l’accorde, la seule inconnue étant l’approche choisie par les musiciens, qui pouvaient piocher au hasard de leur inspiration des influences AOR comme des références plus musclées. Et c’est un entre-deux qui a été privilégié, avec une énergie à la STRATOVARIUS adoucie de mélodies à la ECLIPSE et W.E.T, soit la quintessence d’un art nordique du crossover le plus séduisant. Produit par le groupe lui-même, managé de l’intérieur par le rusé Marko Pukkila, Reality Unveiled est donc une affaire de séduction méchamment bien rodée, mais c’est encore le groupe lui-même qui résume le mieux la situation. Ainsi, Marko déclare à propos de ce premier LP :
« Après quelques années d’absence studio, nous sortons enfin notre premier album. Nous sommes très heureux d’annoncer ce partenariat avec Pride &Joy, la musique est mélodique, mais aussi très directe avec du Rock qui vous botte les fesses. Des riffs cools, de bonnes mélodies, et des arrangements travaillés. Je suis très heureux de la tournure qu’on prit les choses. Cet album est une sacrée collection de chansons Rock harmonieuses, et j’espère que vous les apprécierez autant que nous. »
Argument promotionnel assez simple et sincère, et qui correspond en tous points à la réalité des faits, puisque ces dix morceaux révèlent une tendance à la puissance et au sentimentalisme, sans toutefois tomber dans les excès d’un côté ou de l’autre. Et si la définition de l’optique est assez pertinente, si les chansons en elles-mêmes respirent le métier qui transpire par tous les pores, l’auditeur devra faire un choix cornélien au moment d’émettre un avis personnel. Car en effet, malgré des écoutes répétées, je ne suis pas parvenu à rentrer dans les morceaux et à m’immerger dans cette ambiance polyvalente, malgré le talent des musiciens impliqués. Avec plus de trente-ans d’entraînement AOR derrière-moi, je pense être à même de juger des capacités d’un groupe qui occupe le terrain de la mélodie musclée, et si certaines interventions fonctionnent à plein régime, d’autres font au contraire preuve d’une certaine léthargie créative, comme si les compositeurs étaient restés en pilotage automatique pendant de trop nombreuses années. Ainsi, pour un explosif « Splinters Of A Hologram », n’ayant rien à envier aux cadors du genre et surtout pas à STRATOVARIUS ou SONATA ARCTICA, nous devons subir l’approximation classique d’un « Speck Of Stardust », qui sonne comme du HELLOWEEN très fatigué, ou d’un NIGHTWISH dominical lassé des turpitudes symphoniques. Il semblerait que le quatuor ait eu du mal à maintenir la pression tout du long, et émane de ce premier long des effluves de facilité relativement peu pardonnables.
Mais non, l’album n’est pas mauvais, loin s’en faut. Mais sa production qui semble dater des années 80 n’aide pas vraiment les compositions à décoller, sans oublier d’impliquer certains riffs trop formels pour être honnêtes. Le choix de mixer la voix de Kimmo Perämäki très en avant n’est pas très heureux non plus, encore moins quand des chœurs fatigués essaient de la soutenir avec peine (« Connection »). Tout ceci sonne donc comme une occasion à moitié manquée, et seul un morceau sur deux nous apporte l’énergie dont nous avons besoin pour continuer l’écoute. Ainsi le très musclé « A World Taken Hostage » permet à Kimmo de changer de registre sur fond de rythmique à la RIOT, alors que le long et plaintif « Many Tears To Go » semble prendre un malin plaisir à singer tous les tics les plus symptomatiques du Heavy mélodique de ces vingt dernières années, comme un résumé couché à la hâte sur partition.
Manque cruel de dynamique, compositions encore un peu trop standard, Heavy classique qui manque désespérément d’un grain de folie (« We Weren't There »), Reality Unveiled reste un peu trop dans le rang, et ressemble à un exercice de style de musiciens un peu trop engoncés dans leurs certitudes. La fin de l’album, restant coincée dans un univers trop figé nous présente le visage d’un groupe qui a du mal à s’extirper de ses réflexes les plus conditionnés, et peine à nous maintenir en éveil. Mais comme je le disais, la sensibilité de chacun lui permettra d’apprécier l’œuvre avec un regard différent, et pour un déçu, des dizaines de satisfaits exigeront une suite.
Titres de l’album:
01. Splinters Of A Hologram
02. Christaromancy
03. Headstrong
04. Speck Of Stardust
05. Connection
06. A World Taken Hostage
07. Many Tears To Go
08. We Weren't There
09. Stolen Fate
10. Instant Heaven
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Perso, j'aime bien le chant justement. C'est même d'ailleurs le seul truc à sauver là-dedans. Ca fait le buzz ce truc mais c'est tout pourri.
06/10/2024, 07:49
Vu cette année au rock and eat, rencontre max une de mes legendes, en concert ça déchire et toujours aussi Malsain, hate d'écouter le nouvel album
05/10/2024, 07:16
C'est slayerien certes, mais ça ne vaut pas la grande époque..iol manque quelque chose qui rende le morceau majestueux, épique, du bon Slayer quoi! Ca prouve bien que Kerry King n(était pas le seul maître à bord, en matière de génie, dan(...)
04/10/2024, 13:41
Faut que je me trouve le temps de voir cette vidéo, mais, Massacra, quel groupe !!! Le Brutal Tour, l'un de mes bons gros souvenirs concert !!! Enjoy the violence !!!
30/09/2024, 22:06
+1 avec @Humungus.Depuis que j'ai visionné cette vidéo hier soir, je me suis acheté The day of Massacra et j'écoute les albums du groupe depuis ce matin
30/09/2024, 15:29
Salut. L'album sortira le 04/10/2024 via AFM Records & non Napalm Records. C'est visible sur la vidéo & c'est le titre présent dans l'album: 08 - Keep That MF Down
30/09/2024, 11:27
De prime abord, on pourrait se dire : "Mais quel est l'intérêt de voir des photos de post-ados dégueulasses en perf patché ? Pourquoi écouter un mec nous conter sa "petite" vie pendant une heure ?"...Bah parce que ça nous ra(...)
30/09/2024, 09:26
Vidéo intéressante ! Merci pour le partage. Les membres de ce groupe sont si peu bavards, c'est une vraie chance d'écouter son témoignage. Le type a l'air humble, attachant. Je vais ressortir Enjoy the violence cette semaine, tiens.
29/09/2024, 13:01