Strangers

Heartwind

20/11/2020

Escape Music

Strangers in the night, exchanging glances, wandering in the night, what were the chances?

 

Rassurez-vous, loin de moi l’idée de me lancer dans une imitation du grand Frankie, la voix de velours et le regard suave me faisant cruellement défaut. Mais si je me permets de citer ce vers du classique intemporel « Strangers in the Night », c’est uniquement de la faute de ces suédois qui s’en sont emparés au moment de baptiser le premier morceau de leur deuxième album. Sauf que pas de bol pour eux - ou plutôt si - les HEARTWIND sont tout sauf des étrangers dans la nuit, leur premier album ayant été remarqué par la presse spécialisée, et surtout, par les fans d’un Hard Rock mélodique de tradition eighties. Formé par le guitariste, bassiste, claviériste et compositeur Goran Engvall et le claviériste Mikael Rosengren (CONSTANCIA, TOKEN, SCUDIERO), HEARTWIND est en quelque sorte une lettre d’amour écrite en hommage aux romances les plus sincères des années 80, lorsque le Hard Rock mélodique squattait les premières places du Billboard avec ses ballades les plus lacrymales, et que les noms de TYKETTO, SLAUGHTER, TNT, JOURNEY se retrouvaient en une des colonnes de magazines. Mais pas le genre de lettre dont on pique les citations sur un site spécialisé pour les auteurs manquant d’imagination, une véritable lettre rédigée avec le cœur, très bien formulée, et aux images touchantes, claires, et sans détour. Et deux ans après avoir envoyé leur première missive, les suédois récidivent avec ce second courrier, qui respecte comme le premier le cahier des charges en termes de métaphores et autres allusions plus ou moins directes.

Petit changement dans le line-up, avec l’arrivée au chant de Stefan Nykvist qui remplace German Pascual. Mais rassurez-vous, Nina Söderquist et sa voix de cristal est toujours présente sur la moitié des titres de l’album, et le mariage des deux timbres fonctionne à merveille. Produit, mixé et masterisé par Fredrik Folkare (ECLIPSE/UNLEASHED), Strangers dispose donc d’une production parfaite, d’un équilibre extraordinaire, permettant à chaque intervenant de se faire remarquer, et pas seulement les guitaristes et les chanteurs. Nous retrouvons donc outre les deux têtes pensantes et les deux chanteurs Peter Svensson à la basse, mais aussi une grosse poignée d’invités de prestige, venus se joindre à la fête mélodique, dont Mike Lavér (DYNAZTY), Eirikur Hauksson (ARTCH), Erik Mårtensson (ECLIPSE/W.E.T.) et Mats Levén (MALMSTEEN). Et le mot « fête »  a été choisi à dessein, tant ce second album transpire la joie de jouer et de partager, et représente en quelque sorte l’acmé du potentiel d’un style qui ne supporte ni la médiocrité, ni la moyenne. Et en tombant par hasard sur « Amanda » (je déteste commencer l’écoute par le premier morceau, c’est un tic), je n’ai pu m’empêcher de penser au TNT de Tony Harnell, ce TNT aux dents blanches et aux refrains chaleureux, celui de Tell No Tales et Intuition, dont on retrouve des échos patents ici, qui rebondissent sur le souvenir de KING KOBRA et d’ECLIPSE. Une synthèse donc, des traits de caractère les plus symptomatiques du Hard Rock le plus harmonieux qui soit, mais qui n’a toutefois pas oublié sa virilité au placard.

Suivant à la croche près les partitions du premier album Higher And Higher, Strangers monte encore plus haut vers les étoiles, et nous sert un tapis de velours à la sortie d’une limousine pour nous accueillir quatre étoiles dans un palace de cinq. Un palace richement décoré, au hall massif, aux escaliers grandioses, et à la salle de bal prête à accueillir les couples princiers du monde entier. A l’image d’un bal des débutantes réglé comme du papier à musique, ce second chapitre de la saga HEARTWIND n’a rien laissé au hasard, et les décorations sont aussi précisément choisies que le thème de fond. Le fond et la forme, loin du tape à l’œil en stuc et glitter, pour une œuvre qui fera date dans l’histoire du Hard Rock mélodique. Avec seulement trente-huit minutes au compteur, l’album applique la recette suédoise de la concision, et se concentre sur ses points les plus forts, qu’ils soient romantiques et langoureux (« Angels Cry Again »), ou plus agités et euphoriques (« One Love », archétype du Hard suédois des années 80 avec une touche d’AOR américaine).

De tout donc, mais surtout des chansons enlevées, optimistes, à l’énergie ne se démentant pas, le tout recouvert d’un splendide glaçage de voix qui se substituent, s’entremêlent, se succèdent pour que le rythme ne faiblisse pas. Les deux chanteurs, chacun dans leur registre apportent tout leur talent à des compositions calibrées et millimétrées, oscillant entre up-tempo nerveux (« I'm Alive ») et emphase Heavy atténué d’une couche FM juste assez sucrée (« Trial »). Le panaché tourbillonne de ses milliers de bulles, et coule en bouche comme une boisson rafraichissante l’été, et lorsque la sensibilité occupe le terrain, nous restons loin des pleurnicheries lénifiantes des eighties, lorsque les claviers entraient en lice pour mériter l’appellation FM. C’est ainsi que la ballade « One Of Us Is Crying » rappelle ABBA traduit dans un langage plus Rock, et si la Pop n’est jamais très loin, elle n’est utilisée que comme langage de fond, la forme restant toujours accrochée aux bouées les plus Rock de l’océan mélodique (« Catcher In The Rye »).

Voilà donc un album qui respire l’espoir, l’envie, la joie, celle de partager une musique d’apparence simple, mais très compliquée à composer lorsqu’on vise le haut du panier. Les tubes défilent comme à la parade, singeant les tics de WHITESNAKE et SLAUGHTER (« Line Of Fire »), pour mieux se rapprocher des contemporains de W.E.T ou HAREM SCAREM (« Searching Is Over Now »). Binaire solide mais toujours jumpy, arrangements vocaux top notch, politesse de surface pour rugosité d’arrière-boutique, HEARTWIND incarne en 2020 avec un panache incroyable la troisième génération de groupes scandinaves, toujours nostalgiques du passé d’eighties qui n’en finiront jamais d’inspirer, mais complètement conscients des impératifs de leur époque. Une réussite exemplaire, et une façon de terminer 2020 avec un peu plus d’euphorie, en oubliant pendant trente-huit minutes le marasme ambiant.            


   

Titres de l’album:

01. Strangers In The Night

02. Line Of Fire

03. Amanda

04. Angels Cry Again

05. One Love

06. I'm Alive

07. Trial

08. One Of Us Is Crying

09. Catcher In The Rye

10. Searching Is Over Now


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par mortne2001 le 23/02/2021 à 14:27
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