Le nombre sept a eu une signification particulière tout au long de l’histoire. Il a été vénéré dans la théologie et les arts à travers de nombreuses cultures au cours de nombreuses époques et observé comme un nombre fondamental récurrent dans l’étude du monde naturel.
La terre et les hommes créés en sept jours (repos dominical compris). D’où les sept jours de la semaine. Les sept péchés capitaux et vertus cardinales. Les pèlerins musulmans tournant sept fois autour de la Kaaba, le grand cube noir de La Mecque. Et selon les hindous, le corps qui a sept sources d'énergie appelées les chakras. Sans oublier Les Sept Mercenaires et Télé 7 Jours. Ce chiffre hautement symbolique qui selon les options symbolise l'esprit, l'introspection et la sagesse spirituelle. En choisissant cette thématique pour son septième album, VEILBURNER a vu les choses en grand, et pas seulement en termes de concept. Après un VLBRNR très bien accueilli, le duo de Pennsylvanie passe à la vitesse supérieure et affiche des ambitions dont on le savait capable.
Dont acte, avec cet étrange The Duality of Decapitation and Wisdom. Décapitation et sagesse, je ne vois pas encore bien le rapport, mais tout va vous être expliqué. Ou pas.
Mephisto Deleterio (instrumentation et composition), et Chrisom Infernium (chant), en couple artistique depuis 2014 sont des gens très mystérieux, et qui tiennent à leur anonymat relatif. En six longue-durée, les américains ont dessiné les contours d’un monde unique, fait de noirceur et de lumière aveuglante, de violence et d’étrangeté, de folie et de lucidité. Toujours fidèles à leur label Transcending Obscurity, les VEILBURNER nous ont offert l’année dernière un exercice de style qui aurait trouvé sa place dans la liste de mes palmes d’or 2024, tant il s’obstine à perfectionner un genre très exigeant, et surtout, terriblement fascinant.
Et pour pousser le bouchon encore plus loin, le groupe a eu recours à un gimmick en phase avec son obsession numéraire. Les sept pistes (évidemment) de cet album durent toutes sept minutes, pas une seconde de plus, pour quarante-neuf minutes d’expérimentation, et de plongée dans des abysses opaques, en apnée auditive, qui risque fort de vous coûter une grosse partie de votre santé mentale.
Il a toujours été très difficile de baliser le parcours du duo. Entre composantes Black abondantes et indices Death abstraits, VEILBURNER s’est toujours tenu proche des expérimentateurs les plus chevronnés, qu’ils nomment même par révérence. BLUT AUS NORD, AKHYLS, DEATHSPELL OMEGA, ORANSSI PAZUZU, AKERCOCKE, VENOMOUS ECHOES, une liste VIP qui donne des suées, et qui pourrait être l’affiche d’un festival idéal pour les défenseurs acharnés de l’avant-garde complexe, mais riche. Et The Duality of Decapitation and Wisdom, à hauteur de Muuntautuja, le dernier chef d’œuvre d’ORANSSI PAZUZU, serait l’une des deux têtes d’affiche de ce rassemblement rythmique sans que personne n’y trouve à redire.
VEILBURNER continue donc de faire ce qu’il sait faire de mieux, et même de mieux en mieux. Explorer les dissonances, la multiplicité des tempi et ambiances, et l’accumulation de plans étranges et biscornus. Une méthode éprouvée, mais qui culmine sur le mystique et ombrageux « The Duality of Decapitation and Wisdom Part II », œuvre d’art abstraite qui souille les mélodies les plus pures tout en passant en revue trois décennies de Black Metal hors-cadre. Mephisto Deleterio n’a rien perdu de son audace, et continue de phagocyter le jeu des guitaristes les plus culottés, en juxtaposant des thèmes acides en boucles mélodiques et des phases lapidaires en phrases saccadées et imposées.
En découle un parfum de perfection qui intrigue, interroge et laisse confus.
Il est toujours compliqué de parler de perfection dans un contexte aussi exceptionnel. Après tout, l’avant-garde rejette justement tout critère objectif pour que la subjectivité s’exprime à son plein potentiel. Et si « Tem Ohp Ab in Mysticum » est une transition idéale entre 2022 et 2024, « III Visions of Hex-Shaped Hiss, Behead the Howling Spirit » démontre très rapidement que le pendant 2024 de VEILBURNER est capable d’assommer celui de 2022. D’autant que Chrisom Infernium se sort les tripes, et vocifère comme un beau diablotin de bon matin.
Le mode opératoire de VEILBURNER, qui consiste à combiner les forces juxtaposées dans une coalescence d’unification et de vision réalisée, est parfaitement représentatif. L’horreur de la violence viscérale et la tranquillité de la compréhension s’entremêlent dans une absurdité captivante qui exige d’être ressentie.
Ce qui est censé nous éclairer nous enferme encore plus dans les ténèbres. En pensant saisir l’essence même du propos, nous nous en éloignons, puisque le but de ce septième album est justement de nous faire ressentir, et non de nous expliquer. Chacun se fera sa petite opinion sur le sujet, mais tout le monde s’accordera à dire que les deux américains ont encore franchi une étape majeure de leur carrière.
The Duality of Decapitation and Wisdom est un maelstrom d’idées qui se percutent, se renient et se complètent sans cesse, et la somme d’informations communiquées à de quoi donner le tournis.
Tentez « Woe Ye’ Who Build these Crosses...Are Those Who Will Serve Us Death », à l’intitulé improbable, qui ose utiliser une astuce pleinement Death sur son entame pour mieux nous troubler. On y sent du MORBID ANGEL, de la franchise floridienne, mais aussi un certain radicalisme qui prend le contrepied de tout ce qui a été affirmé auparavant. Seule touche de classicisme de l’album, ce morceau placé en pénultième position est roublard, mais cathartique pour les moins torturés. Et savoir qu’il découle sur le monstrueux et impénétrable « V.I.I. (Voured Ichneumous Icon) » le rend encore plus incongru.
En conclusion, VEILBURNER garde le cap, et nous déroule un final grandiose de méchanceté et de gravité. Survolant son sujet avec une facilité déconcertante, le duo accouche d’une montagne qui écrase les souris de la concurrence. Je regrette simplement d’avoir attendu 2025 pour me pencher dessus. Mais ça réduit de facto l’attente du prochain chapitre.
Titres de l’album:
01. Tem Ohp Ab in Mysticum
02. III Visions of Hex-Shaped Hiss, Behead the Howling Spirit
03. The Duality of Decapitation and Wisdom Part I
04. The Duality of Decapitation and Wisdom Part II
05. Shadows of a Shadow
06. Woe Ye’ Who Build these Crosses...Are Those Who Will Serve Us Death
07. V.I.I. (Voured Ichneumous Icon)
Je tombe sur la chronique et ce visuel de groupe intrigant. Cette nouvelle offrande est franchement pas mal, à confirmer avec plus d'écoutes.
Euh... si cet uploading particulier ne date que de 2 semaines, le morceau a, quant à lui, été dévoilé le 30 janvier dernier ! (Bon morceau au passage !)
20/05/2025, 22:13
Yes, c'est en cours de rédaction. Au camping, nous n'avons pas été impacté par l'orage, pas de dégâts en tout cas.Merci à toi de t'être présenté à moi, c'est toujours cool de croiser des pa(...)
17/05/2025, 18:12
Un report ? Je crois que j’y reviendrai l’an prochain mais deux jours afin de mieux profiter. J’en connais qui ont du moins apprécier le camping avec l’orage du dernier soir
16/05/2025, 06:52
Avec Massacra legacy, ça commence nettement à avoir plus de gueule ! Reste à voir la suite des annonces. Mais je crois que je vais plus préférer le Westill le mois suivant au même endroit cette année, déjà Elder et Wytch Hazel de confi(...)
13/05/2025, 07:48
Mea culpa....J'avais pas vu la news en première page - j'ai été directement te répondre.
12/05/2025, 14:33
S'il est du même acabit que le The Cthulhian Pulse: Call From The Dead City sorti en 2020, Mountains of Madness risque d'être un allday listening pour moi.J'ai hâte, bordel !
12/05/2025, 13:44
J'étais passé totalement à côté de cette petite pépite de Death Suédois!Vieux moutard que jamais!Puteraeon glisse de belles ambiances lovecraftiennes sur cet album et les arrangements apportent un plus à l'ensemble.
12/05/2025, 13:42
Necro est sympa, avec de bons passages groovy et d'autres où le groupe envoie du bois.Pas sûr de l'écouter durablement, d'autant plus que le prochain Puteraeon sort le 30 avril prochain.
12/05/2025, 13:40
Sentiment mitigé pour ma part Le chant de Johan Lindqvist n'atteint pas un pouïème de ce qu(...)
12/05/2025, 13:38
Au vu de la dernière vidéo-ITW en date du gonze sur ce site, pour ce qui est de "feu sacré", il a toujours l'air de l'avoir le mec.Je pars donc confiant.
08/05/2025, 09:17