The Gathering

Freternia

14/06/2019

Rock Of Angels Records

Lorsque vous êtes en vacances, sur la plage, et que vous avez envie de tenter une trempette, vous pouvez toujours vous approcher de l’eau et y glisser deux orteils. De là, si l’océan est un peu trop frais à votre goût, vous retournez tranquillement à votre serviette pour profiter du soleil. Et bien le Power Metal exige l’attitude inverse, impossible d’y tremper deux doigts de pied et de s’en aller de crainte d’être refroidi, sinon ça donne une plantade monumentale propice aux moqueries les plus justifiées. Non, le Power Meytal on y plonge comme on rentre en religion, avec fougue, passion, en tentant le saut de l’ange et en soignant son crawl, parce que le style ne tolère pas les timorés ni ceux qui passent en touristes. Et sans apprécier le genre au-delà d’une poignée de titres/albums, je dois reconnaître que j’ai toujours admiré cette grandiloquence et ce sens de l’emphase qui ont fait des meilleurs groupes des traductions de langage hollywoodien en musique. Certes, parfois, les arrangements sonnent faux, certes, de temps à autres, les chanteurs se la jouent diva d’opéra miniature en représentation permanente, mais il y a quelque chose de flamboyant et de remarquable dans ces grandes envolées lyriques et Speed, et ce, depuis la création du genre par je ne sais plus qui. Dans les années 80, alors qu’on ne collait pas encore cette étiquette, on parlait des groupes de Heavy Speed de la même façon, et on pointait alors les HELLOWEEN, les maîtres du genre, puis STRATOVARIUS, encore un peu gauche, avant que n’émergent les GAMMA RAY, RHAPSODY, SONATA ARCTICA, AVANTASIA, j’en passe et peut-être des plus notables, mais nous ne sommes pas là pour en faire un historique. A cette liste, aurait pu s’ajouter à une époque le nom des FRETERNIA, s’ils s’étaient montrés plus stables et productifs…Mais le destin étant ce qu’il est, ce sont dix-sept ans de silence que ces musiciens brisent aujourd’hui avec un troisième album que plus personne n’attendait…sauf les vrais fans de Power Metal.

Pensez-donc, rien à se mettre entre les oreilles depuis 2002, et la publication d’A Nightmare Story, qui suivait d’à peine deux ans l’introductif Warchants & Fairytales. Back in time, beaucoup misaient sur ce nouveau pur-sang, et y voyaient même la relève de l’arrière-garde Power, sans savoir que leur poulain allait se tirer avant de rentrer au box. Pourtant, avec le sceau de qualité suédois, une attitude de forts en gueule, et des capacités notables, le groupe avait largement de quoi tenir la dragée haute à ses aînés, se proposant même de les aider à marcher de leur béquille artistique. Las, et inutile de revenir en arrière, FRETERNIA n’est jamais devenu le leader qu’il aurait pu être, mais c’est aujourd’hui avec de nouvelles prétentions et une ambition remise à neuf que les originaires de Borås tentent le pari risqué du comeback après presque deux décennies de mise à l’ombre. Pari remporté ? Oui, et haut la main, parce que justement, le sextet (Pasi Humppi – chant, Patrik von Porat & Tomas Wäppling – guitares, Nicklas von Porat – basse, Tommie Johansson – claviers et Oskar Lumbojev – batterie) n’a pas hésité à plonger la tête la première dans les flots agités du Power Metal contemporain, gardant donc cette posture fière et altière qui les avaient distingués de la masse grouillante des habiles faiseurs sans talent dans un maillot trop moulant. Mixé et masterisé par Thomas Plec Johansson au studio The Panic Room (SOILWORK, WATAIN, NOCTURNAL RITES, THE NIGHT FLIGHT ORCHESTRA), et doté d’un artwork griffé par Stan W Decker (MONUMENT, PRIMAL FEAR, TEN, ROSS THE BOSS BAND, STRYPER), The Gathering, à l’image de son titre référentiel, est un genre d’archétype d’album parfait dans le fond et la forme, légèrement handicapé par quelques détails qui n’atténuent pas le plaisir qui s’en dégage.

Plaisir de jouer d’abord, celui d’un groupe enfin réuni, qui s’est senti pousser des ailes et qui savait pertinemment que personne n’allait le rater en cas d’erreur. C’est pour ça que les six musiciens ont mis tous les atouts de leur côté, de cette production dantesque à ces morceaux hautement calibrés, qui sans faire avancer le style, puisent dans ses lettres de noblesse de quoi remplir un parchemin. Et niveau remplissage, personne ne se sentira lésé par ces soixante-quatre minutes de musique qui garantissent une longue et épique écoute. Là est donc le premier point faible de cette réalisation, cette longueur excessive qui condamne certains titres au mimétisme, et qui encombre d’autres de plans qui auraient gagnés à être concentrés. Mais avec une paire de guitaristes qui n’ont pas les riffs dans leur poche ni les soli dans leur sacoche, un chanteur qui sait se montrer puissant, racé et lyrique sans nous les briser, et des allusions permanentes au passé d’une musique qui a souvent brillé (on croirait souvent entendre quelques groupes que j’ai déjà nommés, de façon plus ou moins discrète), le tout est solide, carré, un peu engoncé dans ses arrangements trop polis (le son de synthé est parfois irritant), mais représente la carte postale parfaite que l’on souhaite recevoir d’anciens amis qui n’avaient pas donné de nouvelles depuis longtemps. De la fougue donc, et ce, dès « Reborn », qui de son intitulé en dit long sur l’envie de revanche des suédois. Riff d’entame qui a la rage, rythmique qui pilonne comme à la grande époque de « I’m Alive » ou « Freedom » de STRATOVARIUS, hargne presque thrashy dans les faits, mais légèreté mélodique qui permet de s’accrocher aux motifs, rien ne manque à l’appel et le retour se fait en pleine lumière du jour.

Des chœurs à l’allemande assouplis à la suédoise, pour une démonstration de force, et malgré le caractère parfois uniforme des idées (le milieu de l’album accuse un peu le coup, malgré l’inspiration du long « End of the Line »), on n’a que l’embarras du choix pour se rappeler que le genre est l’un des rares à vous faire rêver d’un monde fantasmagorique chamarré, avec ses dérapages un peu poppy (« Eye the Shadow of Your Sins », poppy but chic, et surtout, musclé), ses instants de classicisme à la DIO délocalisé quelque part sur la terre du milieu (« Change of Life »), et ses dégoulinades de sextolets qui n’en peuvent plus de cramer sur une rythmique cavalant et dévalant (« Dark Vision », belle démonstration de Pasi Humppi, qui s’arrache aussi sur les aigus). Avec quelques minutes de moins, et des idées moins tassées, nous tenions là l’album parfait, et en évitant certaines séquences de pilotage automatique, les FRETERNIA auraient pu s’enorgueillir d’avoir signé le fameux troisième album parfait qu’on attendait d’eux aux alentours de 2005, mais ne faisons pas la fine bouche, et acceptons de plonger le torse entièrement dans les océans. Car The Gathering n’a pas fait les choses à moitié, a soigné son entrée, bandé ses muscles, et taillé un joli dos crawlé. Et sans éclabousser les enfants je vous prie.          

   

Titres de l’album :

                          1. Intro

                          2. Reborn

                          3. Last Crusade

                          4. The Escape

                          5. In Solitude

                          6. Eye the Shadow of Your Sins

                          7. End of the Line

                          8. Fading World

                          9. Change of Life

                          10. Last Fragments of Sanity

                          11. Dark Vision

                          12. Final Dawn

                          13. Age of War

Site officiel

Facebook officiel


par mortne2001 le 18/09/2019 à 16:55
80 %    1192

Commentaires (1) | Ajouter un commentaire


Wildben
@193.56.36.22
19/09/2019, 15:01:37
Et bien, une chronique de Freternia, si je m'attendais à ça! J'avais en effet totalement perdu de vu ce groupe, disparu des radars et visblement peu regretté. A l'époque (et cela ne nous rajeunit pas), j'avais été emballé par le côté épique du 1er album, mais j'avais trouvé le second particulièrement mou et convenu. Du coup, c'est plutôt méfiant que j'ai lancé l'écoute de l'extrait et ma foi, ce n'est pas mal, si on ne s'arrête pas à la 1ère minute déjà entendue mille fois. Le chant, en particulier, a retrouvé ce grain qui faisait le charme de Warchants & Fairytales. A voir sur la longueur, mais d'ores et déjà une bonne surprise que ce disque sorti de nulle part.

Ajouter un commentaire


Derniers articles

Walls of Jericho + Get Real

RBD 02/07/2025

Live Report

Voyage au centre de la scène : PARADISE LOST

Jus de cadavre 15/06/2025

Vidéos

Aluk Todolo + Spirit Possession

RBD 10/06/2025

Live Report

SWR Barroselas Metalfest 2025

Mold_Putrefaction 08/06/2025

Live Report

Anthems Of-Steel VII

Simony 30/05/2025

Live Report

Clinic LI-SA X et Paul GILBERT

mortne2001 29/05/2025

Live Report

The Sisters of Mercy + Divine Shade

RBD 21/05/2025

Live Report

Great Falls + Kollapse

RBD 04/05/2025

Live Report

Chaulnes MÉTAL-FEST 2025

Simony 27/04/2025

Live Report

Star Rider/Blaze Bayley

mortne2001 24/04/2025

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
Humungus

Je m'attendais vraiment pas à ce qu'Ozzy tiennent 30 min sur chacun de ses shows...Bon, on peut pas dire que c'était "beau" à voir mais si j'avais eu la chance de gauler une place, j'aurai tout de même été bien con(...)

07/07/2025, 07:36

Benstard

Putain je suis fan de Slayer mais c'était bien dégueulasse. Ça devient une parodie. Et oui merci pour tout Ozzy et tommy. 

06/07/2025, 21:25

Oliv

C’est toujours parodique ou c’est mieux 

06/07/2025, 19:11

Oliv

Merci Ozzy pour tous 

06/07/2025, 19:10

DPD

Oui c'est bien beau mais étaient ces gars durant l'ère Obama ou il a absolument tout trahis ? Trump on connait son histoire personnelle et ses financements. c'est sans surprise..

06/07/2025, 14:20

metalrunner

Les chutes de Symbolic

05/07/2025, 08:26

DPD

Pardon pour les fautes, mais quitte à écouter ce genre de trucs, Anna von Hausswolff le faisait beaucoup mieux il y a 10 ans. C'est ce qu'on appelle l'avant-garde je suppose.

05/07/2025, 06:51

DPD

Le problème de de Kayo Dot c'est qu'il dépend de l'envie du moment de Toby Driver et de qui l'entoure, tu peux avoir un album de drone/post-rock suivit d'un album de death metal, il n'y a pas de groupe et aucune identité. C'est dommage parce(...)

05/07/2025, 06:47

DL100

Merci à Clawfinger pour ce grand moment de transgression validée par l’ordre moral dominant. C’est rassurant de voir que la “rébellion” moderne consiste à tirer sur une cible usée jusqu’à la corde, avec des punchlines dignes (...)

04/07/2025, 07:16

Ivan Grozny

Il tourne pas mal chez moi ce disque, et c'était un vrai plaisir de revoir le groupe live récemment après les avoir un peu mis de côté. Un autre concert en tête d'affiche ne serait pas de refus !

03/07/2025, 16:57

Ivan Grozny

Morceau décevant et sans surprise. La présence de Chris Kontos dans le groupe y fait pour beaucoup dans mon intérêt pour ce retour,  mais pour le moment bof.

03/07/2025, 16:47

Jus de cadavre

Je n'ai jamais aimé ce groupe, mais j'étais passé devant durant un Hellfest et en effet c'était juste insupportable toutes ces harangues (littéralement toutes les 10 secondes). Moi je m'en beurre la raie, mais pour les fans ça doit &ec(...)

03/07/2025, 12:55

Buck Dancer

Toujours aussi léger !!! 

03/07/2025, 03:25

Simony

Clairement ! Trop de blabla et de remplissage.

02/07/2025, 18:56

Jeff48

Vu à Toulouse et je n'ai pas du tout accroché,  pourtant vu 2 ou 3 fois depuis 2005. Et j'avais bien aimé. Rien ne surnage, ça bastonne mais pour moi aucuns titres ne sort du lot.Par contre j'ai adoré Slapshot

02/07/2025, 16:01

Jourdain R.

Votre article sur le kintsugi est un véritable hommage à l’art de reconnaître la beauté dans la fragilité et les cicatrices : mentionner son origine au XVe siècle et sa philosophie wabi‑sabi renforce(...)

02/07/2025, 15:38

vomi d\'anus

@Abrioche91 : la canicule t'a trop tapé sur la tête, mon pauvre vieux. Parce que se faire à répondre aux trolls, je n'avais plus vu ça depuis VS.

02/07/2025, 12:25

Benstard

La blague. 

02/07/2025, 10:20

Arioch91

@Ultra Pute, t'es bien limité comme garçon. Et tu dois sacrément bien te faire chier pour venir commenter connement ce que les autres écrivent.Moi aussi, j'aime bien les commentaires gratuits (la preuve) mais je suis surtout là pour commenter l&(...)

02/07/2025, 08:50

Ultra Pute

@senior boomerdo : va changer ta couche, grand-père

01/07/2025, 20:38