Voilà une matinée pourtant très chaude, mais incroyablement refroidie par mes chroniques dont le hasard a fait qu’elles se ressemblent beaucoup. Après l’Amérique consumériste et contradictoire, voici l’Amérique blafarde, éclairée de feux d’intersection clignotant leur désespoir, aux marginaux usés par le conformisme, et aux laissés pour compte dormant sous des ponts d’acier ou dans des usines désaffectées par le temps, moites, gigantesques, et sans aucune trace d’humanité passée.
HAUNTED HORSES n’a pour le moment (presque) pas jugé bon d’étendre sa production au-delà de singles et de EP’s, puisque seul Dead Meat nous a écorché les oreilles il y a trois ans. On y découvrait la rigueur de l’Industriel de l’orée des années 2000, de forts relents de Post-Punk clinique comme une OD dans un lit d’hôpital, et de Noise en dissonance et percussions qui rappelleront aux plus dépressifs nos bien-aimés VIRGIN PRUNES.
HAUNTED HORSES est un power-trio dans le sens le moins noble du terme, qui a choisi de piocher dans différents styles la rhétorique de son discours. La syntaxe de ces trois malades (Myke Pelly, Colin Dawson, Brian McClelland, vous n’en saurez pas plus) se rapproche de ce que l’Angleterre a connu de plus inflexible dans les années 80, et de ce que les années Reagan ont produit de plus inhumain et industriel, dans le sens des friches du terme.
Il n’est donc guère étonnant d’avoir parfois le sentiment de déguster du BILE, de savourer du GUN CLUB, du SKINNY PUPPY, du BIG BLACK, d’engloutir les SWANS, de planter ses incisives dans le steak de CHRISTIAN DEATH et FRONTLINE ASSEMBLY, soit le menu le plus crossover entre l’Indus radical et le Post-Punk fatal, pour une ballade vers la fin d’un monde qui décidément, prend son temps à crever.
Je ne le cache pas, mon moral ne faisait déjà pas d’étincelles, il est maintenant totalement en berne. La musique hypnotique de ces trois enfants de Seattle n’est pas de celles qui bercent le nourrisson ou le monde, mais bien de celles qui creusent la tombe des espoirs les plus illusoires. Une rythmique en boite à rythmes sans interruption, un chant distancié et évidemment écœuré par la réalité, et des arrangements sonores en fond de cale, pour un équipage en partance vers nulle part.
Difficile de décrire cette expérience sans être redondant ou trop impudique. Il en va des œuvres comme des émotions, et celles décrites par les HAUNTED HORSES sont évidemment hantées par l’esprit de la Cold Wave, de la No Wave, et de l’EBM le moins dansant et le plus traumatique. On écoute ces morceaux non comme des chansons, mais comme des états d’âme, comme des bouteilles lancées à la mer avec pour unique message : it’s too late, please die ».
Crever, après tout pourquoi pas, si un son en écho comme celui de The Worst Has Finally Happened accompagne la chute. Comme le souligne ce titre, le pire est déjà arrivé, et pourtant, en écoutant les dix pistes de ce second long, on se dit que le destin nous réserve encore de sales surprises avant le bouquet final. Un bouquet final qui rendra hommage au génie sombre des KILLING JOKE (« Swarms »), et qui allumera une dernière fois les phares sur les côtes pour que les navires de secours viennent s’écraser sur les récifs Post-Wave (« Severed Circle »).
Que tout ceci est nihiliste, avec pour seul crédo : rien n’en vaut la peine, rejoignez-nous. L’escalier descend, et descend, l’ascenseur est en panne, et on s’engouffre dans la faille pour finir dans un recoin des mémoires vers lequel aucun souvenir ne pointe. « The Garden » est sans doute ce que vous pourrez écouter de plus suffocant cet été, et « Thee Worst » est le meilleur de l’Indus mécanique et sans émotion, qui n’est pas sans évoquer le spectre d’un GODFLESH des grands jours.
Mas après tout, Birmingham et Seattle se ressemblent non ? Même mal être, même avenir en pointillés, et si l’une est ensoleillée, sa lumière est déviante, et n’illumine pas du tout les zones d’ombre des délaissés. Ces mêmes délaissés qu’on voit sur le trottoir, mendiant une petite pièce, et déjà prêts pour affronter l’inévitable, dans un dernier silence assourdissant.
Titres de l’album :
01. House of the World to Come
02. The Garden
03. PIG
04. Window Sung
05. Thee Worst
06. Swarms
07. Thorns
08. Golden Stairs
09. Cold Medecine
10. Severed Circle
Je n’ai jamais entendu parler de ce split vous savez ou l’écouter ou ce le procurer
03/06/2025, 13:35
Effectivement difficile de rester insensible à ce type de festival, à taille humaine, avec une ambiance conviviale sans tomber dans la cour des miracles et surtout avec une bell prog’. Très content d’avoir découvert Gravekvlt et pris la mandale attendue de (...)
02/06/2025, 23:00
Excellent report ! J'y étais. C'était purement génial. Dans le même style, tout aussi excellent, le Courts Of Chaos fut aussi un fantastique moment.
01/06/2025, 19:36
Incroyable un groupe qui s'attaque à faire une reprise de Dead Congrégation !!! Je me languis d'écouter ça . Faut pas se louper la ahah.
31/05/2025, 21:53
Ah ah ce message d'au revoir est magnifique"Je dois y aller maintenant… chercher un boulot et jouer à Roblox avec mon fils…"
31/05/2025, 09:12
@Gargan exact, oubli impardonnable...Mais que veux-tu, je suis une vieille baderne qui pense que DEEP PURPLE est de la musique de jeunes et que tout est pourri depuis la mort de Roy Orbison. Mais totalement d'accord pour "Whiter Shade of Pale", quel feeling....
30/05/2025, 09:39
Bah tu as oublié la reprise finale de dragon ball par Lisa, question de génération hehe. Je ne connaissais pas tant que ça Paul Gilbert (un peu Mr Big et Racer X, mais pas plus), super bonhomme et musicien incroyable. Enorme panard sur la reprise de Procol Harum.
29/05/2025, 22:28
J'avoue avoir délibérément censuré cette information de premier choix... ... ...
26/05/2025, 07:32
@LeMoustre : alors grand-père, t'as réussi à sorti des soins palliatifs?
24/05/2025, 07:15
Une plaque bien méritée ! Mes deux premiers albums de death metal, Blessed are the Sick de Morbid Angel et Tomb of the Mutilated de Cannibal Corpse, deux albums que j'adore toujours autant, après plus de 30 ans passés dans ma discothèque, y ont &eacut(...)
23/05/2025, 19:55