Un faux split extrêmement bruyant, c’est certainement dur à avaler comme première chronique de la journée. Et je ne cacherai pas que mes tympans ont souffert de l’écoute de cette nouvelle collaboration entre deux entités attachées à leur optique bruitiste. Faux split puisqu’il s’agit d’une véritable collaboration, réunissant numériquement deux des groupes les plus puissants de leur époque, avec à gauche, les allumés des mathématiques Noisy FAWN LIMBS, et à droite, les stagnants droniques et Ambient NADJA. Et je ne saurais trop vous conseiller de vous familiariser avec le répertoire de chacun d’entre eux avant de tenter cette expérience hors du commun.
Côté longues digressions pesantes, NADJA. Duo mixte né à l’orée des années 2000, NADJA est un concept extrêmement prolixe, puisqu’en vingt ans d’existence, pas moins de vingt-huit longue-durée ont été mis sur le marché, sans oublier un nombre hallucinant de live, de splits, compilations et autres fantaisies.
Côté chaotique en ligne brisée, les FAWN LIMBS. Un parcours plus modeste, de l’autoproduction, quatre sorties longues, mais une date de naissance beaucoup plus proche. La caractéristique de ce duo est de toujours chercher l’angle le pus violent et irritant, pour produire une sorte de proto-Mathcore débridé et proche d’un Grind allumé, démarche adoptée par cette nouvelle génération d‘artistes qui souhaitent déconstruire les genres pour les faire évoluer.
A la manière d’un John Lennon collaborant avec sa nouvelle idole Yoko Ono, FAWN LIMBS et NADJA se servent des passions individuelles pour créer une œuvre commune. Œuvre évidemment réservée à un public averti, coutumier du Drone, du Noise, de l’Ambient, du Mathcore, et j’en passe. Un public rompu à l’exercice de l’expression viscérale sans filtre, à la manière d’un Janov propulsé dans un underground sombre et sans concessions. Mais attention. Si le tout est aussi intraitable qu’il ne le laisse augurer, il n’en est pas pour autant dénué de musicalité. Et de temps à autres, la grâce vient l’effleurer de sa main gracile, pour un intermède contemplatif digne de chants grégoriens profanes s’évaporant dans une cathédrale réformée. « Redshifted » permet donc de s’éloigner des turpitudes précédentes, en se montrant allusif au label 4AD, au Shoegaze, et au Post Metal le plus apaisé.
Ceci étant dit, ce genre de réflexe est minoritaire sur ce Vestigial Spectra. La majorité des morceaux est construite sur un principe habile de confrontation des sons et textures avec beaucoup d’électronique, peu de Metal, loin de la base Rock d’un extrême qui garderait prise avec une quelconque musicalité. Souvent instrumental, Vestigial Spectra fait passer NEUROSIS, ISIS, et SUN O))) pour de gentils rastas à bonnet. L’abrasivité du son, l’utilisation de boucles aussi irritantes qu’un ongle glissant sur un tableau, l’absence même d’évolution dans la narration (« Blueshifted » est probablement un hommage caché à David Lynch en musique, épisode 8 de la troisième saison de Twin Peaks, au moins en intensité nonsensique) transforment cet essai en test d’endurance. Mais lorsque la force revient au premier plan pour créer un vortex de boucan sans contrainte, les sensations restent les mêmes et la peur tangible (« Distilled In Observance », monstre de bruit et de fureur susceptible de faire honte à une grosse partie de l’underground Indus/Noisy).
A la manière de MERZBOW se mettant momentanément en couple avec FULL OF HELL, dans les traces d’un THOU en goguette avec LEECH ou MOLOCH, FAWN LIMBS & NADJA proposent un vrai travail commun, et non un simple étalage de sévices. En découle un album cohérent, vraiment méchant, suintant de haine envers les harmonies et autres mélodies, pour un chaos collectif nous renvoyant au plus primal des cris de naissance. Bande-son d’une époque trouble et noire, accolade au NAPALM DEATH le plus Indus des années vagues des mid nineties, Vestigial Spectra explore le spectre bruitiste pour en ramener le ressenti le plus sauvage, le plus mécanique, le plus itératif, et pourtant l’un des plus créatifs.
Et s’il fallait en passer par là pour apprécier une conclusion aussi dantesque que « Metastable Ion Decay », ça en valait largement la peine.
On n’écoute pas ce genre de disque lorsqu’on va bien, ou lorsqu’on est optimiste quant au futur. Non, on joue Vestigial Spectra lorsque l’humeur est au plus bas, lorsque les illusions sont tuées par une réalité sans pitié, et lorsque les jours diminuent pour laisser place à des nuits d’insomnie. Riche mais laid, honnête mais déviant, cet album symbolise un art maîtrisé par deux duos (Eeli Helin et Lee Fisher pour FAWN LIMBS, Aidan Baker et Leah Buckareff du côté de NADJA), qui parfois se rapproche des pires images dessinées par DAUGHTERS, sans pour autant en revendiquer la raideur.
Il faut entretenir son pessimisme et sa lucidité. Et des disques pareils œuvrent dans ce sens.
Titres de l’album:
01. Isomerisch
02. Black Body Radiation Curve
03. Cascading Entropy
04. Redshifted
05. Blueshifted
06. Distilled In Observance
07. Metastable Ion Decay
Oui comme ils le disent sur le site officiel, bonjour les prix des concerts aujourd'hui avec l'inflation ,Désolé mais je ne peux plus suivre. Trop chère les concerts
15/06/2025, 08:42
Je me demande comment fait Rogga Johansson, avec autant de groupes, il arrive toujours à sortir des trucs vraiment bons !! Quelle energie !!
13/06/2025, 00:29
En fait, ce qui me pose problème, ce n'est pas le fait d'aimer ou pas ce genre de vidéo (lyrics video), c'est les remarques dépréciatives (condescendantes) d'Akerfeldt à ce sujet. Bien sûr, c'est super d'avoir un bon clip, seu(...)
12/06/2025, 01:04
Author & Punisher est aussi annoncé à Montpellier le 23 octobre 2025 avec Wyatt E et Yarostan à la place de Bong-Râ.
11/06/2025, 12:53
Ça vaut vraiment le coup d'écouter ce qu'ils font, j'aime beaucoup et c'est vraiment bon !
09/06/2025, 21:35
Je comprends son raisonnement car je le partage en partie. Je déteste le mot "contenu" quand on parle de vidéo. Ca ne veut pas dire grand chose. Les lyrics video, je trouve que c'est une solution de facilité. On se contente de coller une(...)
07/06/2025, 09:04
J'suis probablement trop vieux, je trouve ça atroce, autant à écouter qu'à regarder.
07/06/2025, 08:32
Ben, mince alors, c'est un vieux con Akerfeldt, en fait... dommage... après, tant que la musique est bonne, que demande le peuple ? (Après, je suppose qu'il n'arrivera jamais au niveau de Chris Barnes, mais, bon...)
06/06/2025, 18:05
Mouais, un peu médiocre son commentaire sur les lyrics videos... perso, j'aime bien avoir la musique et le texte qui défile... c'est pas spécialement élaboré mais je voix pas en quoi c'est minable...
06/06/2025, 18:02