J'irais Mosher chez vous ! Episode 2 : Indonésie

Infernal Corpse, Wafat, Valerian, Natjaard, Hordavinthra, Power Trip, Extreme, Jamrud, Ntrl, Trojan, Edane

Les aventures métalliques de Jus de cadavre en Asie du Sud-Est !

Après un premier "J'irais Mosher chez vous !" en Amérique du Nord (Californie et Québec) en 2017, que vous pouvez retrouver ici, c'est en Asie que je me rends cette fois-ci, pour un périple de plusieurs mois.

Voici donc mon petit compte rendu sans prétention sur notre musique favorite dans ces lointaines contrées. Ce sera donc visites, festival et concerts dans les bars Metal le long de notre trajet, rencontres avec les Metalheads asiatiques, reports, etc... 

Si l'un d'entre vous se rend dans un de ces coins un jour, j’espère que tout cela pourra vous servir, pour assouvir votre soif de gros son même à l'autre bout du monde !

Voici l'épisode 2 de J'irais Mosher chez vous : Indonésie !

Le plus grand pays musulman du monde est, et cela depuis longtemps, considéré comme l'un des plus actifs metalliquement parlant en Asie. Le pays est très grand et très peuplé certes, mais c'est toujours étrange de constater à quel point notre musique y est populaire. La religion musulmane en Indonésie, très rigoriste en termes de culture dans d'autre pays, n'est pas un frein au développement du Metal et du Rock en général. Alors bien sûr il y a des îles (au nord notamment) où c'est plus difficile, ne le nions pas, mais dans les principales villes et dans les lieux fortement peuplés, pas de soucis pour balancer du riffs velus et du blast-beat... 

Joko Widodo,  le président indonésien actuel lui-même, est un fan inconditionnel de Heavy Metal. L'ancien gouverneur de Jakarta, devenu président en 2014 (et réélu en 2019), ne cache en effet pas son amour pour cette musique en s'affichant en public, par exemple, avec des t-shirt Napalm Death, Lamb Of God, etc... En faisant le "signe du diable" durant des meetings politiques ou encore en se rendant en personne en 2013 à un concert de Metallica à Jakarta (le groupe lui a d'ailleurs offert une guitare à cette occasion). Et le soir de sa première investiture en 2014, pour fêter ça, Joko s'est rendu à... un concert Metal ! Surnommé Jokowi, l'actuel président est en tout cas apprécié dans son pays, en particulier par la jeunesse qui voit en lui un homme moderne et ouvert, très proche du peuple (il était vendeur de meuble avant de se lancer en politique !). Et bien entendu, les metalleux indonésiens se réjouissent qu'il partage la même passion qu'eux ! A quand un président français avec un t-shirt Carcass ?

Bon alors et moi qu'est-ce que j'ai vu là-bas ? Déjà, seulement une infime partie de cet immense pays, donc je ne parle que des endroits visités (Bali et Java) et non de toute l'Indonésie.

Bali :

A Bali, île la plus connu et la plus touristique du pays, et qui sera le début de ce périple, nous nous rendons dans le seul véritable bar Metal / Punk de l'île : le Twice Bar (Facebook). Situé à l'extrémité de l'avenue principale de la ville de Kuta, cet endroit est un incontournable ici. Depuis des années s'y déroule plusieurs fois par semaine (du mercredi au samedi) tous les concerts Metal et Punk du coin. Le fondateur et patron n'est autre qu'un des membres du groupe culte de Punk de Bali Superman Is Dead. Ne cherchez pas ailleurs, c'est au Twice Bar que vous rencontrerez la scène locale. Le soir ou nous y allons c'est à un concert de Punk Rock que nous assistons. Trois groupes du cru, tous très à l'aise sur scène et décontractés. Le niveau technique (même si ce n'est que du Punk...) est assez hallucinant au vu du jeune âge des musiciens. Tous les amis des groupes sont ici et ça déconne au moins autant de temps que ça joue, entre les morceaux. Bonne ambiance garantie et nous avons le droit à une petite dédicace, étant les seuls blancs dans le bar. Sympa ! Bon musicalement ce n'est pas vraiment ma tasse de thé, ça sonne comme du The Offspring, Blink 182 (dont un des groupe fera une reprise) et consorts, mais franchement nous passons un très bon moment ! Un bar de locaux (sans aucun touriste australien beurré à l'horizon) ou la bière bon marché et l'arak (l'alcool local) coulent à flot ! A ne pas manquer à Bali. De plus une petite boutique de fringues Rock et Biker est attenante au bar, idéale pour un t-shirt souvenir.

Impensable non plus de ne pas vous parler du club / bar concert Gimme Shelter (situé à Canggu, non loin de Kuta), même si je n'y ai pas été. Une salle plutôt branchée Rock n'Roll, mais qui laisse parfois la place au Metal. C'est ici que viennent jouer les "grands" noms internationaux (récemment : Power Trip, Eyehategod, etc...) quand ils posent leurs valises à Bali. 

Signalons un restaurant, le Metal Corpse (où nous ne nous sommes pas arrêtés), à Jimbaran (un peu plus au sud) qui propose une déco et des menus aux noms évocateurs, ainsi que des concerts certains soir.

A Sanur, sur la côte Est de Bali, notons un bar, Le Casablanca, qui propose de la musique live tous les soirs de la semaine. Le mardi et le jeudi soir étant réservé au Rock / Hard Rock / Alternatif. La scène est grande, le son est bon, le bar immense et il y a du choix en boisson. Après c'est un bar très à l'américaine. Pas de locaux, seulement du touriste... Mais sur un coup de chance vous pourriez tomber sur de bons petits riffs les jours adéquats.

Puis comment ne pas parler des nombreux concerts de groupes de reprises (ils en sont très friands à Bali !) dans d'autres bars / restos où il n'est pas rare d'entendre les musiciens reprendre des classiques d'AC/DC, de Lynyrd Skynyrd, de Led Zep' ou de Motley Crüe... Mais ça c'est aléatoire et il n'y a pas vraiment d'endroit particulier à signaler.

En tout cas avec mon t-shirt Slayer, j'ai toujours droit à un sourire et un hochement de tête des quelques metalleux que je croise dans la rue. Et c'est même grâce à mes t-shirts noirs que je rentre en contact avec Kadek, un membre du groupe de Deathgrind INFERNAL CORPSE de Bali. Dans la station-service où il bosse et fait le plein de mon scooter ! Il commence à me dire que lui aussi écoute du gros son, fan de Slayer, Metallica, etc... Puis quand je lui dis que j'écris sur un zine Metal en France, son regard s'illumine et il me parle donc de son groupe... Plus tard via Facebook je lui propose une petite interview en lui parlant de cet article sur la scène Indonésienne et c'est avec grand plaisir qu'il accepte de répondre à mes questions et de m'en dire un peu plus sur la scène Metal de son pays ! 

Je laisse donc la parole à Kadek d'INFERNAL CORPSE : "Je m'appelle Kadek Suwana, je suis né à Bali, dans le village d'Ubud. Mon groupe se nomme Infernal Corpse, j'y tiens la basse et le micro, Gunk Kock est au chant aussi et à la guitare et Amoe à la batterie. Nous avons formé le groupe en janvier 2000 mais nous n'avons pu sortir qu'un seul album intitulé "U'r Not a GOD" en 2016. Nous travaillons actuellement sur de nouveaux morceaux pour notre prochain album."

Sur la scène balinaise : "L'île de Bali, surnommée "l'île des Dieux", est connue pour sa beauté naturelle, ses coutumes et sa culture. Les habitants de l'île ont toujours grandi dans une profusion d'arts : la danse, la sculpture, la musique traditionnelle et les percussions en particulier. Ce qui nous a fait rayonner et connaitre dans le monde entier. Les goûts musicaux des jeunes à Bali ont commencé à évoluer au début des années 80' avec l'arrivée des touristes occidentaux qui ont apporté avec eux leurs propres musiques. Le Metal, que nous appelons plutôt Underground Music ici, a commencé à titiller notre intérêt à la fin des 80' et s'est développé à partir de là. Les jeunes du coin ont formé une première communauté de Metalheads à ce moment-là, ils se sont désignés sous le nom "19.21", qui est le nom de la station de radio locale à Denpasar (la capitale de l'île) qui balançait du Metal. Cette station de radio était aussi un point de ralliement pour les Metalheads du coin et beaucoup de groupes sont nés de ces rencontres à cette époque, comme Eternal Madness (Brutal Death Metal) en 1994 qui existe encore aujourd'hui ! Des groupes de Rock, de Death, de Black sont nés là-bas. Je peux cité Annymism, Epilepsy, Separatists, Triple Six, Ritual Crypt, etc... Jusqu'à nos jours le Metal a toujours été bien perçu par le public à Bali et d'autres groupes ont vu le jour ensuite comme Parau, Infernal Deisire, Born By Mistake, Infernal Corpse, Ballzabuth, Durhaka, Grind Cha Cha Cha, Trojan, Bersimbah Darah, Ajal, Rezume et bien d'autres encore ! A Bali il y a souvent des concerts Metal au Twice Bar à Kuta, il y a aussi des petits festivals parfois."

Sur la scène indonésienne : "En dehors de Bali comment ne pas citer les groupes : Siksakubur, Jasad, Deadsquad, Noxa, Burgerkill, Forgotten, etc..."

Sur le fait de jouer cette musique dans son pays : "Jusqu'à présent il n'y a eu aucun problème pour jouer du Metal par ici. Il n'y a pas d'obstacle à la musique extrême, même si il peut arriver quelques petits accrocs, mais rien de grave. Qui plus est nous avons un président qui s'y connait en musique et qui est fan de Rock et de Metal ! Donc non, pas de soucis pour nous, et nous sommes fiers d'avoir un président qui partage nos goûts musicaux ! Metal jusqu'à la mort !"

Un grand merci à Kadek pour avoir pris le temps de me répondre ! Le lien vers le Facebook d'INFERNAL CORPSE : support !!!

Kadek, comme beaucoup d'indonésiens, se montrera très sympa et très bienveillant suite à notre rencontre : il me donnera pleins de contacts et me signalera les évènements Metal sur notre parcours. Un énorme MERCI à toi Kadek pour tout ça !

Après la magnifique Bali, direction Java : autre ambiance, autre religion !


Java :

Java est l'île la plus peuplée d'Indonésie, c'est ici aussi que la scène Metal est la plus développée dans le pays. Java et ses grandes villes (Jakarta, Bandung, Surabaya...) sont réputées pour leurs scènes Death Metal et surtout Brutal Death Metal. Mais on y trouve aussi pas mal de groupes de Black Metal, les autres genres y étant (pour l'instant) pas encore très courant.

Signalons à ce propos un très bon documentaire sur la scène Black Metal javanaise : A l'Est de l'Enfer. Réalisé par le français Matthieu Canaguier et sorti en 2013, ce documentaire suit la vie de 3 membres de groupes BM de Surabaya (immense métropole du nord-est de l'île) dans leurs vies privées et dans leurs pérégrinations de musiciens Black Metal. Extrêmement intéressant, nous prenons en pleine face une scène musicale qui s'est complètement appropriée les codes du BM d'Europe du Nord et qui le joue aujourd'hui à sa façon, avec ses propres rites et croyances. Mystique et fascinant !

A l'Est de l'Enfer

De mon côté à Surabaya je rentre en contact avec Frank du groupe de Brutal Death Metal WAFAT (Facebook du groupequi affiche 23 ans de carrière ! Il me donne rendez-vous un soir pour passer un moment autour d'un verre. Il nous amène dans un bar, le Coffee Colony (Facebook), qui vient tout juste d'ouvrir et qui est tenu par un de ses amis metalleux : Daniel. La soirée sera extrêmement sympathique et enrichissante ! Daniel est une des figures de la scène BM de Surabaya et c'est lui qui a hébergé Matthieu, l'auteur du documentaire cité au-dessus, durant le tournage. Le monde est petit ! Multi-instrumentiste, Daniel est derrière plusieurs projets Metal dont deux one-man band Black Metal : NATJAARD et HORDAVINTHRA. Il a aussi joué de la batterie pour DRY (sans doute le groupe de BM le plus connu en Indonésie, formé en 1990 !). Mais son projet le plus abouti et qui lui prend le plus de temps aujourd'hui est son groupe de Power Metal : VALERIAN (Facebook du groupe). Un homme pour le moins actif et engagé !

Durant la discussion, j'en viens à parler de Dissection, à ce moment Daniel s'incline, lève les mains au ciel et me dit "Here, we whorship Dissection" avec une grand respect dans le ton. En effet le groupe suédois est sur toutes les lèvres des Black Metalleux par ici. Il n'est pas exagéré de dire que c'est quasiment un culte que lui voue beaucoup de Metalleux indonésiens. Une scène le montre d'ailleurs dans A l'est de l'Enfer : des musiciens de plusieurs groupes, passablement imbibés, reprennent des morceaux cultes du BM européen, dont un de Dissection à la guitare sèche. Un moment fort et marquant (oui il faut vraiment que vous le regardiez ce documentaire !). Frank et les autres musiciens de son groupe, qui nous rejoignent dans la soirée, me confirment, comme l'avait fait Kadek, qu'il n'y a aucun problème en Indonésie pour jouer du Metal extrême. On parle aussi de la scène française, qu'ils connaissent assez peu (à part Gojira), sauf Daniel qui connait des grands noms du BM français (DEATHSPELL OMEGA, PESTE NOIRE...). Ce type c'est une encyclopédie Metal et il semble très respecté par ici. J'apprends aussi, sans grand étonnement, que tous les metalleux de la ville se connaissent très bien. Ils semblent en tout cas se serrer les coudes et les choses paraissent assez simple pour organiser des évènements par ici, du fait de cette proximité entre les acteurs de la scène extrême. (Sur la photo, de gauche à droite : ma trogne, Frank et Yoga de Wafat, Daniel).

Frank et Daniel me donnent les albums de leur groupes respectifs (merci beaucoup les gars, même si j'en ai chié pour caser tout ça dans mon sac déjà archi plein !). Et après quelques shooter d'une sorte de vodka locale, nous quittons toutes ces personnes passionnées et passionnantes et bien entendu nous nous promettons de rester en contact ! Un très très bon moment... Je quitte Surabaya, une ville sans réel attrait touristique, avec le sentiment d'avoir touché du bout des doigts le cœur de la scène extrême de l'île et surtout d'avoir rencontré les bonnes personnes au bon endroit... Merci beaucoup à tout ce petit monde !


Festival JogjaRockarta :

Au moment où j'arrive à Yogyakarta (ou Jogjakarta), dans le centre de l'île de Java, Kadek (qui ne nous oublie pas pour les conseils metalliques !) m'envoie une affiche de festival qui aura lieu dans la ville : le JogjaRockarta. Parfait, nous serons encore dans la place à ce moment ! Le festival, qui se déroule sur une seule journée, a lieu un dimanche et n'en est pas à sa première édition. L'année dernière c'était Megadeth qui clôturait la journée ! C'est un des plus gros évènement Metal "grand public" de l'île et même du pays. En effet si les petits fest Metal extrême pullulent à Java, ce n'est pas forcément le cas des festivals proposant de grands noms internationaux. Le JogjaRockarta en tous cas, ne cache pas ses ambitions de devenir un incontournable par ici dans le créneau "gros évènement" Metal annuel. L'affiche est cette année, comme les précédentes, éclectique et variée. Les deux têtes d'affiches internationales sont EXTREME et POWER TRIP pour cette édition. Le reste de l'affiche étant composée de 7 groupes indonésiens : TROJAN, INDRA LESMANA PROJECT, TUMENGGUNG, DOWN FOR LIFE, NTRL, EDANE et JAMRUD. Stylistiquement on va passer du Brutal Death au Hard FM, du Progressif au Thrash, du Punk au Metalcore, sans transition. Éclectique je vous disais. Le fest a lieu dans un petit stade, même si le site est pour le moins vieillot, il est idéal pour la tenue de l'évènement : il y a de l'espace et c'est bien agencé. 

Je dois avouer qu'avant de m'y rendre je ne savais pas du tout à quoi m'attendre... Le prix de la place étant de plus assez élevé pour le pays (28 euros !), je me disais que l'on risquait de se retrouver au milieu de hardos quarantenaire avec un peu de moyens financiers, mais pas forcément de jeunes passionnés. Mes craintes sont très vite balayées dès la sortie du taxi en arrivant. Il y a une foule de jeunes en t-shirts noir et en veste à patchs aux alentours du stade. Incroyable ! L'évènement attire en fait tout type de public et ça fait plaisir à voir : des hardos de 40 ans et plus (il y a EXTREME à l'affiche), des jeunes de 20 ans qui viennent découvrir, mais aussi beaucoup de fans de Metal extrême underground et acteurs de la scène locale. Ça, je le vois, entre autres, aux t-shirts de la majorité des gens présents : c'est parfois bien pointu (j'en croise 2 avec des t-shirt des français de Gorod !), ça fait plaisir à voir et je me sens carrément bien au milieu de tous ces fans qui nous regardent tout de même avec des yeux écarquillés (et nous prennent en photos !). Et oui il n'y a pas beaucoup de "blanc" en veste à patch par ici, ni même de blanc tout court dans le stade. Évidemment je me fais un plaisir de discuter avec tous ceux qui viennent nous poser des questions ! L'ambiance est très bonne et très détendue (pas de mecs bourrés : il n'y a pas d'alcool en vente dans l'enceinte du fest ! J'avoue, ça fait drôle de ne pas boire de bières en festival...). La scène est bien balèze et dotée de trois écrans géants (un au centre, deux sur les côtés). Les conditions semblent très bonnes sur scène pour les musiciens et le son en façade, malgré quelques aléas, sera assez bon pour tous les groupes.

Les concerts commencent vers 14h00, et c'est le groupe TUMENGGUNG qui ouvre le festival. On attaque donc gentiment la journée avec leur Heavy / Thrash basique et traditionnel. Le son est assez fort (pas les mêmes normes que chez nous par ici, évidemment), et le groupe fait de son mieux sur cette grande scène. Le tout n'est pas très carré et le chant pas très convaincant par moment. Bon, rien de méchant, c'est un groupe d'ouverture et nos quatre gaillards donnent tout et ont l'air très heureux d'être ici. Et ils sont copieusement applaudis par le public pourtant pas encore très fourni devant la scène. En même temps dans un stade (ce n'est pas le stade de France non plus, hein...) quand ce n'est pas plein, ça fait tout de suite assez "vide". Mais au final il y a déjà plusieurs centaines de personnes... 

On enchaine assez rapidement avec un groupe que j'attendais : TROJAN. Le combo de Bali propose lui un Brutal Death Metal parfaitement maitrisé. Les gars sont carrément à l'aise sur scène (il y a clairement pas mal d'expérience scénique, le groupe existe depuis 2007...) et se font bien plaisir. Ici non plus rien d'original, le groupe appliquant parfaitement les préceptes du genre. Mais c'est ultra carré et propre. On note quelques touches un peu moderne, comme ces moshs venant du Deathcore, mais nous ne sommes jamais perdus et restons encrés dans un Brutal Death de tradition. Le chanteur communique bien et le public le lui rend bien en répondant rapidement à ses sollicitations : gros circle-pit poussiéreux dans la fosse et headbanging de sauvages (un mec sortira du pit devant moi la gueule en sang). Un bien bon concert mené par un groupe sûr de son fait.

C'est au tour ensuite de DOWN FOR LIFE, vu leur logo je m'attendais à du pur Hardcore. Mais avant le début du concert, des choristes (!) tout vêtu de blanc, s'installent de chaque côté de la scène... Étrange ! Ils commencent à chanter en mode chorale, en introduction, avant l'arrivée des musiciens. L'effet est plutôt réussi et pose une ambiance assez tribale et mystique. Puis les musicos débarquent comme des furieux et balancent le son. Alors oui c'est du Hardcore, mais très métallique, limite Death par moment ! Grosse violence dans la fosse et sur scène ou ça ne s'économise pas ! Le chanteur est bien puissant dans son chant mais manque un peu de précision par moment. Les choristes redonnent eux de la voix sur certains passages, et encore une fois (même si ce ne sont pas de "vrais" chanteurs et ça s'entend) l'effet fonctionne ! Grosse originalité donc pour les originaires de Surakarta. Un concert solide et bien bourrin !

DownForLife et ses choristes !

INDRA LESMANA PROJECT monte ensuite sur les planches après une pause un peu plus longue que de coutume et pour cause : c'est l'heure de la prière, donc on laisse les mosquées alentour (Java est une île musulmane) faire leur appel tranquillement. Si vous vous posez la question : oui, ça fait bizarre. ILP, pour les intimes, joue un Metal Prog qui m'en touche une sans faire bouger l'autre. En même temps moi et le Prog ça fait deux... Mais c'est en tout cas très bien interprété. Le chanteur (qui me fait penser à un Dio indonésien physiquement) est très juste ! Très bon succès public pour le groupe, mais cela ne m'étonne pas vu l'engouement des Indonésiens pour le Metal Prog (pas mal de t-shirt Dream Theater dans l'assistance et on me parle beaucoup des américains dans les conversations...).

Je ne m'attarderai pas sur le groupe suivant : EDANE qui donne dans le Metalcore avec tous les clichés (que je ne supporte pas) inhérent à ce style : chant alterné hurlé / mielleux, riffs sans âmes, etc... Ça plaît aux jeunes par contre, et il en faut pour tous les goûts... Le groupe jouit d'une grande popularité j'ai l'impression en Indonésie (plus de 800 000 "followers" sur Facebouc !). Il y avait du monde devant la scène !

NTRL lui balance un Punk Rock parfois assez mélodique, mais qui sait aussi être assez costaud dans certaines rythmiques. Ça fonctionne pas mal même si ce n'est pas vraiment fait pour moi. J'ai beaucoup pensé aux Irlandais (du Nord) Therapy? que j'écoutais plus jeune. Mêmes mélodies guillerettes suivi de gros riffs Punk de bûcherons. Et puis le groupe était très en place aussi, bon succès là encore dans le public.

JAMRUD proposera un gros Rock alternatif qui ne me parle pas, mais qui fera bien remuer l'assistance ! Soit les Indonésiens aiment tout style de "Metal" au sens large, soit ils soutiennent à fond leur groupes, mais en tout cas le public se montre une fois de plus très réceptif ! C'est cool pour l'ambiance !

C'est maintenant au tour des deux derniers groupes, les deux têtes d'affiche de la soirée. Et il y a du monde devant la scène pour accueillir EXTREME ! Vu le nombre de t-shirts à l’effigie du groupe, je comprends vite qu'ils sont très attendus. Alors je vais être honnête avec vous, je ne connais pas du tout EXTREME, juste de nom bien sûr, mais rien de plus ! C'est donc du Hard / FM... Je vais éviter de dire trop de conneries en parlant des morceaux joués ce soir, mais par contre qu'est-ce que c'est kitch à mort ! J'ai l'impression de me retrouver dans un concert de Hard FM dans les années 80' dans un vieux fest américain... Le groupe joue d'ailleurs cette carte "nostalgique" à fond : la scène est décorée à l'image de leur album le plus connu : Pornograffiti. Logos de Strip Clubs, filles faciles et autres bars illustrant l'artwork original s'agitent sur les écrans géants. Et puis le look des zicos aussi... Fin bref, les fans devaient être aux anges, mais moi j'ai quand même la vague impression de voir un groupe has-been sur le retour qui ne peut pas jouer autre chose que la carte nostalgie justement... Pour couronner le tout nous avons le droit à une ou deux balades jouées assis à la guitare sèche devant la batterie. Plus cliché tu crèves. Mais l'enthousiasme du public est tel que je garde un sourire aux lèvres durant le concert ! Le show se termine par la reprise de Queen : We Are The Champions... J'ai pas compris le pourquoi du comment (surtout que s'attaquer à ce mythe du Rock, faut en vouloir !), mais comme on s'en doutait le public apprécie et chante avec le groupe. Voilà pour mes impressions devant un groupe que je n'aurais jamais cru voir un jour en concert ! 

Extreme...

Après ça, vient le tour des texans de POWER TRIP. Bon là, c'est tout l'inverse me concernant : je suis un gros fan du combo (quel coup de bol de les voir ici !) ! Leur concert au Hellfest 2019 m'avait littéralement mis sur les rotules. Je m'inquiète un peu pour l'affluence par contre, car je me dis que les vieux hardos, présents en nombre pour EXTREME, vont tous tourner les talons au premier gros riff brise nuque qui pointera le bout de son nez... Que nenni ! Il y a encore un monde fou devant la scène quand nos cinq thrashers déboulent ! Le son est parfait en plus, le meilleur du festival, et le groupe bien en forme comme d'habitude ! Quasiment la même set-list qu'au Hellfest : que du lourd. POWER TRIP, c'est la pureté Thrash/Crossover incarnée. Le public devient cinglés dès les premiers morceaux et chante les paroles comme un seul homme ! Riley au chant est un peu plus bavard que de coutume entre les titres et on peut le comprendre : il remercie chaleureusement et à plusieurs reprises les gens présents (ce n'est pas aussi "simple" pour un Indonésien de mettre 30 euros dans une place de concert que pour nous...). Le bougre, malgré un chant légèrement moins puissant qu'au Hellfest, à l'air sincèrement content de jouer ici, sous les tropiques ! Et le public le lui rend bien avec des circle-pit bien virulents et démonstratifs ! Crucifixation, Executioner's Tax, etc... tirés de Nightmare Logic font des ravages dans la fosse et quand arrive la fin du dernier morceau, le public ne met pas deux minutes à réclamer un rappel... Non prévu, (les écrans diffusent déjà la pub des partenaires du festival) le groupe discute rapidement sur le côté de la scène avec les techniciens et revient finalement pour un dernier titre sous les acclamations... Excellent ! Grosse ambiance pour terminer cette journée. J'allais dire que le groupe s'était sûrement fait de nouveaux fans ce soir, mais en fait non : les gens étaient déjà tout acquis à leur cause ! Riley reste quelques minutes sur scène ensuite, pour profiter de ce moment et remercie encore le public malgré la pub qui a repris et qui couvre presque sa voix dans le micro. Respect mec, mais t'en fais pas ils ont compris les gars dans le pit !

Power Fucking Trip !

Bon, c'est terminé pour ce JogjaRockarta ! Un moment fort pour moi et ma chérie durant ce voyage ! Difficile de conclure en quelques mots, mais c'est vraiment quelque chose d'intense à vivre un fest Metal dans un tel pays. C'est à la fois très similaire à chez nous (sans la bière...) et tellement différent ! Je retiendrais de mon côté : la grande passion des metalleux indonésiens, leur curiosité, leur gentillesse (mais ça c'est tous les Indonésiens), le bon voir très bon niveau scénique des groupes indonésiens, etc...

Les deux têtes d'affiche pour l'édition 2020 (qui aura lieu le 1er mars cette fois-ci) ont été annoncées : SCORPIONS et WHITESNAKE !


Jakarta, Killer Sounds 3 :

Surpeuplée, ultra-polluée, plus pauvre aussi, la capitale du pays, Jakarta, n'attire logiquement pas beaucoup les touristes. Mais c'est ici que se termine notre voyage dans ce pays, donc autant mettre à profit le temps passé dans cette métropole tentaculaire pour essayer de trouver du chevelu. Et c'est encore une fois grâce à Kadek, que ma curiosité sera comblée. Il m'indique en effet un concert Metal extrême qui a lieu à Serpong à environ 40 kilomètres de la capitale : le Killer Sounds 3 !

20 groupes de Metal sur une journée (de 13h à 23h). Même si l'affiche est très orientée Death Metal (au sens large) il y a aussi quelques groupes de Grind et de Crust / Punk pour cette troisième édition. Le concert se tient dans le lieu le plus incongru possible : un parc d'attraction aquatique ! Difficile à trouver même pour les locaux, car pas vraiment connu, le parc aquatique (bien pourri au passage) comprend en son sein un genre de MJC, avec une scène couverte extérieure pour les concerts et un petit studio d'enregistrement. J'étais entré en contact avec l'organisateur (via son numéro de téléphone apparaissant sur les flyers de l'évènement), pour qu'il m'aide à trouver le lieu du concert, car oui il fallait vraiment être motivé pour y aller dans ce coin paumé (et 40 bornes en Indonésie, c'est pas 40 bornes chez nous...) Arrivés sur place il vient à notre rencontre et nous dit, avec l'aide d'un de ses amis qui se débrouille en anglais, que pour nous c'est gratuit. Sympa ! Je ne ferai pas de report détaillé des groupes mais je vais plutôt vous parler de la journée en générale. Les groupes ne jouent que très peu de temps : 4 ou 5 morceaux maximum ! La première partie de la journée est consacrée aux locaux, et c'est très étonnant de voir comment ça se passe. En fait, nous assistons plus à une répétition qu'à un véritable concert. Certains groupes ne jouant par exemple qu'un seul et unique titre mais 4 ou 5 fois d'affilé ! Entre les concerts, deux "animateurs" (membres de groupes qui jouent dans la journée aussi), prennent le micro et mettent l'ambiance. Ils présentent le combo suivant, remercie le public et font des blagues aussi (que nous ne comprenons bien évidemment pas, c'est en Indonésien...). Étonnant ! Mais du coup l'ambiance est bon enfant et ça permet de patienter pendant que les groupes s'installent. Il n'y a pas beaucoup de monde en début d'après-midi, surtout les potes et la famille en fait, mais le public sera plus fourni ensuite.

Le son général n'est pas optimum, loin s'en faut. La batterie sonne bien, mais les guitares sont souvent étouffées, tout comme le chant. Mais bon, c'est un concert amateur underground et les gars font de leur mieux. Je n'assisterai pas à tous les concerts, mais le meilleur groupe vu pour ma part sera un combo de Crust Punk bien bourrin qui aura même le droit à un rappel. 

En fait, je passe plus de temps à discuter avec les gens présent (on me donne des albums et même une paire de baguettes !) et à les observer qu'à suivre les concerts. On se fait aussi beaucoup prendre en photo (mais genre beaucoup : les trois quart du public doivent avoir notre trognes dans leur portable...) ! Quelques t-shirts attirent mon attention dans l'assistance. Autant dans le Black Metal, les liens avec la politique ne nous choquent plus aujourd'hui (même si pour ma part, ça m'emmerde royalement), mais en matière de Death Metal, c'est tout de même plus rare. Mais nous sommes dans un pays musulman et certains vouent une certaine "colère" envers Israël et donc certains groupes l'expriment plus ou moins clairement sur leur t-shirts. Attention, pas de généralité, je ne suis pas en train de vous dire que tous les Metalleux indonésien sont anti-ci ou anti-ça, non... Mais des t-shirts Death Metal "politiques", j'ai trouvé ça... étonnant !

Nous quittons tous ces passionnés avant la fin des hostilités, la pause due à la prière en fin d'après-midi (même si le public n'y va pas, les instruments doivent se taire) aura raison de notre patience. Et puis nous ne voulons pas rater les derniers taxis pour rentrer sur Jakarta (et à 23h, pas sûr qu'on en aurait trouvé...). Je rate donc les têtes d'affiche et surtout SIKSAKUBUR (le gros nom de cette édition), mais pas de regret. Une fois encore une belle expérience avec les metalleux indonésiens !

Voilà, c'est terminé pour ce "J'irais Mosher chez vous : Indonésie". J'espère que vous avez apprécié ce "reportage" et aussi qu'il servira peut-être à l'un d'entre vous qui se rendra, un jour, en Indo ! 

Que de rencontres et de discussions passionnantes avec tous ces gens croisés ! Bien plus que ce à quoi je m'attendais en réalité, mais le fait que tout le monde ou presque se connaissent dans cette scène, a grandement facilité ces rencontres !

Un grand merci à Kadek, Frank, Daniel et au boss du Killer Sounds et aussi aux (très) nombreux headbangers Indonésiens avec qui j'ai échangé une longue discussion, un mot, une photo, ou un simple "signe du diable"... Hail Indonesia ! Terima Kasih !

Et pour conclure tout en violence, je me permets de vous proposer une bonne grosse gifle Crust made in Indonesia, hélas pas vu en concert, mais qui n'a rien à envier au meilleur du Crust Scandinave : DÖMESTICRUST. Bonne écoute !

par Jus de cadavre le 08/02/2020 à 12:00
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Commentaires (6) | Ajouter un commentaire


Simony
membre enregistré
08/02/2020, 16:34:56
Excellent ! Belle immersion.

Humungus
membre enregistré
12/02/2020, 12:05:10
Typiquement le genre de report que j'adore.
Merci beaucoup Jus de cadavre.
Le coup de l'appel à la prière et le même titre répété en boucle, cela doit vraiment faire son petit effet en fest hé hé hé...

PS : Et effectivement, le docu "A l'Est de l'Enfer" est à voir absolument.

Jus de cadavre
membre enregistré
12/02/2020, 18:18:49
Merci !
Un épisode pour la Thaïlande est dans les tuyaux ;) Ce sera moins complet et beaucoup plus court par contre (moins de matière que pour l'Indo !).

NecroKosmos
@90.32.159.1
12/02/2020, 20:43:02
Sympa !

La Gule
@79.95.127.158
20/09/2020, 11:16:15
Power trip quel souvenir !

David
@196.179.237.40
22/10/2020, 08:25:03

Superbe reportage ! Bien dépaysant et qui montre que le métal est vraiment universel !

manque peut être un peu de photos.


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