Nos chers amis de Great Dane nous ont encore réservé une surprise en ce début d’année, en choisissant de distribuer le second album des flingués finlandais de REFUSAL. Mais comme tout le monde ne connait pas tout, il convient de préciser pourquoi cette annonce mérite de retrousser vos manches, la production actuelle ressemblant à des robinets de taille gargantuesque dont personne ne contrôle le débit. Les REFUSAL sont donc la nouvelle référence nordique en matière de brutalité extrême, eux qui ont commencé leur carrière il y a déjà quelques années. Et dire qu’ils ont pris leur temps et ont soigné chaque étape est un euphémisme. Fondée en 2008, cette entité pluriforme ne s’est pas jetée dans le grand pain sans tremper ses pieds dans la farine, et ce ne sont pas moins de sept démos et deux compilations qui ont été nécessaires avant d’oser lancer un premier longue durée. Entre 2008 et 2011, cinq maquettes ont donc été soignées, suivies d’un sampler Where’s Your Ammo en 2012, puis deux autres en 2012 et 2013, encore suivies d’une compilation, Short on Grasp, avant qu’enfin We Rot Within ne nous sauve du marasme de l’impatience de son titre sans détour. On y découvrait alors un combo sûr de son fait, maîtrisant à merveille les codes du Death old-school et moderne, et c’est auréolé de la fierté du travail bien fait que les musiciens d’Helsinki nous en reviennent avec neuf nouveaux morceaux dans la musette, qui poussent leur recette efficace jusque dans ses derniers retranchements, pour incarner une sorte de machine à broyer les tympans parfaitement implacable et sans aucun remord.
Quintet (Niikka Lius - chant, Tero Pirhonen & Kalle Kuosmanen - guitares, Timo Pirhonen - basse/chœurs, Aleksi Roitto - batterie), REFUSAL est l’archétype du Metal extrême dans toute sa splendeur, de ces artistes qui transcendent la normalité pour transformer ses clichés en qualités, et cet Epitome of Void est plutôt du genre épitomé de violence, tant ses accointances avec les tendances les plus bestiales sont patentes et hautement dangereuses. Pas étonnant dès lors de le retrouver au catalogue de Great Danes, le label s’étant fait une spécialité des excroissances les plus hideuses de l’underground, justifiant son immaculée réputation d’un flair sans failles. Et c’est ce flair qui les a poussés à débaucher les finlandais, qui aujourd’hui nous prouvent qu’ils ont déniché dans un vieux grimoire la recette du Death/Grind le plus parfait, le tout en une petite demi-heure qui suffit amplement à mettre les choses au point. On retrouve donc ce chant caverneux, ces riffs froids mais sanglants, cette rythmique polyvalente qui assure en mid pour mieux écraser en blasts, et même, cerise sur le gâteau moisi, une basse très audible qui de ses graves claquant et de sa brillance morbide vient enjoliver des compos qui n’attendaient que ça pour imploser. Loin du pétard mouillé, ce second album confirme, et s’affirme comme un outsider sérieux sur la scène, s’adressant tout autant aux fans d’un SUFFOCATION ludique et débarrassé de ses obsessions techniques, qu’aux accros à l’immédiateté d’un NASUM, qui en son temps fut loué comme le nouveau messie de la brutalité agencée. Une petite touche du NAPALM DEATH le plus Crust pour agrémenter le tout d’un glaçage sauvage, et on emballe l’ensemble dans un joli carton lugubre à la ENTOMBED pour obtenir le cadeau parfait à tous les déviants de la terre, qui à n’en point douter vont se rouler par terre de plaisir.
Partant de là, pas forcément utile de digresser pendant des heures en expliquant le pourquoi du comment, puisque toutes les données vous seront communiquées par le groupe lui-même dès « Suffocate », qui de son analogie nominale vaut bien des discours. Alors bien sûr, malgré cette entame sur les chapeaux de roue, l’ensemble n’est pas entièrement prévisible en se basant sur l’instinct, puisque les REFUSAL nous ont aménagé des espaces un plus souples et des ambiances moins renfermées. S’ils basent leurs théories sur celles du passé, en prônant une rapidité de tous les instants et une férocité de tous les moments, ils n’hésitent pas pour autant à distiller un groove assez contagieux, accumulant les plans sans tomber dans la trop grande versatilité, mais conférant à leurs morceaux un aspect hétéroclite toujours bienvenu dans ce genre de réalisations. Capables d’agrémenter deux minutes et quelques de Death solide d’un nombre conséquent de plans, les finlandais jouent la carte de la violence à outrance, qu’ils laissent exploser comme bon leur semble (« Hectic »), avant de laisser le feu couver pour préparer la prochaine ronflée. Pas question de s’éterniser, mais pas question non plus de frapper, rentrer, tout saccager, et partir sans laisser sa carte, et si les titres restent dans des balises raisonnables, ils prennent aussi le temps de développer leur argumentaire, parfois Heavy comme l’enfer (« Disregard »), mais le plus souvent suintant comme les carreaux d’une salle d’autopsie (« Disgust »). C’est évidemment la trame anglaise qui suggère l’inconscient, et l’ombre des NAPALM plane bas au-dessus des cadavres, même si le Death purement suédois sait aussi assumer son parrainage (« Slaves »).
Et entre des intermèdes à l’humeur joyeuse, mais aux gestes précis et à la machette aiguisée (« Exploit », Grind, Crust, Death, enfin, tout ce qui fait mal), et une fin d’album qui prend son temps pour présenter ses condoléances à la famille des massacrés, l’agencement des festivités proposées par Epitome of Void est du genre malin, et ne nous laisse pas sur notre faim. C’est ainsi que les trois dernières pistes de l’album occupent à elles-seules la moitié quasiment du métrage, et ce sans recycler des opinions déjà émises. Et on prend son pied à l’écoute de « Futile » qui se rapproche des crises de folie de BRUTAL TRUTH, comme on trépigne sur l’épilogue « Void », lourd de sens, truffé de dissonances, et servant son Death tartare, et accélérant comme un barbare. Sans faire souffler un vent d’inédit sur les braises de l’ultraviolence, les REFUSAL s’en sortent avec les honneurs en respectant un classicisme de surface qu’ils enrichissent d’un sens du rythme assez bestial. Le genre de disque qu’on écoute pour se mettre la tête à l’envers, mais se remettre le cerveau à l’endroit. Du Death qui n’est ni complètement vintage ni entièrement contemporain, mais qui se déguste comme du vieux pain. Un peu rassis s’entend.
Titres de l'album :
1.Suffocate
2.Hectic
3.Disregard
4.Disgust
5.Slaves
6.Exploit
7.Bound
8.Futile
9.Void
Je n’ai jamais entendu parler de ce split vous savez ou l’écouter ou ce le procurer
03/06/2025, 13:35
Effectivement difficile de rester insensible à ce type de festival, à taille humaine, avec une ambiance conviviale sans tomber dans la cour des miracles et surtout avec une bell prog’. Très content d’avoir découvert Gravekvlt et pris la mandale attendue de (...)
02/06/2025, 23:00
Excellent report ! J'y étais. C'était purement génial. Dans le même style, tout aussi excellent, le Courts Of Chaos fut aussi un fantastique moment.
01/06/2025, 19:36
Incroyable un groupe qui s'attaque à faire une reprise de Dead Congrégation !!! Je me languis d'écouter ça . Faut pas se louper la ahah.
31/05/2025, 21:53
Ah ah ce message d'au revoir est magnifique"Je dois y aller maintenant… chercher un boulot et jouer à Roblox avec mon fils…"
31/05/2025, 09:12
@Gargan exact, oubli impardonnable...Mais que veux-tu, je suis une vieille baderne qui pense que DEEP PURPLE est de la musique de jeunes et que tout est pourri depuis la mort de Roy Orbison. Mais totalement d'accord pour "Whiter Shade of Pale", quel feeling....
30/05/2025, 09:39
Bah tu as oublié la reprise finale de dragon ball par Lisa, question de génération hehe. Je ne connaissais pas tant que ça Paul Gilbert (un peu Mr Big et Racer X, mais pas plus), super bonhomme et musicien incroyable. Enorme panard sur la reprise de Procol Harum.
29/05/2025, 22:28
J'avoue avoir délibérément censuré cette information de premier choix... ... ...
26/05/2025, 07:32
@LeMoustre : alors grand-père, t'as réussi à sorti des soins palliatifs?
24/05/2025, 07:15
Une plaque bien méritée ! Mes deux premiers albums de death metal, Blessed are the Sick de Morbid Angel et Tomb of the Mutilated de Cannibal Corpse, deux albums que j'adore toujours autant, après plus de 30 ans passés dans ma discothèque, y ont &eacut(...)
23/05/2025, 19:55
Je chiais encore dans des couches à la grande époque du Morrisound, et pourtant si je fais un top 10 de mes albums de chevet tous styles confondus, la moitié (au moins) aura été enregistré dans ce studio. Le genre de lieu qui a marqué notre sc&egra(...)
22/05/2025, 17:52