The Host

Portrait

14/06/2024

Metal Blade

Ecrire un concept album n’a rien d’anodin. Il faut inventer une histoire, puis composer la musique capable de transcender la narration tout en servant humblement le propos. Si les exemples sont légion dans le monde du Rock, ils le sont encore plus dans notre univers Metal qui n’aime rien tant que les contes, mythes et légendes basés sur la réalité ou inventés de toute pièce. Inutile de les lister ici, puisque nous savons fort bien qui a utilisé le principe avec brio. QUEENSRYCHE, W.A.S.P, SAVATAGE, DREAM THEATER, RUSH, et tellement d’autres qu’il faudrait un bottin pour tous les recenser. A cette longue liste s’ajoute le nom des suédois de PORTRAIT, qui trois ans après l’excellent At One with None se sont prêté au jeu avec une drôle d’histoire, mise en musique une fois les mots couchés sur papier.

PORTRAIT, c’est un sens de l’esthétique poussé, une technique léchée, et surtout, une puissance débridée, mais contrôlée. Avec cinq longue-durée sous les bras, les originaires de Kristianstad sont devenus une institution depuis fort longtemps, mais nous les savions encore capables de nous surprendre et de nous enthousiasmer plus que d’ordinaire. C’est donc chose faite avec ce long pavé, mêlant Heroic-Fantasy et occulte, pour le plus grand plaisir d’une certaine fanbase danoise qui reconnaîtra son héros national assez rapidement.


L’histoire est aussi simple qu’elle n’est abstraite. J’en reproduis le résumé ici, pour une meilleure compréhension :

The Host est un conte occulte transcrit dans un langage Heavy Metal. L’histoire se déroule dans la Suède du XVIIe siècle et se concentre sur un protagoniste anonyme qui, en raison de ses expériences avec l’injustice et l’hypocrisie de ce monde, décide de chercher la vérité et la force à travers son « Adversaire »

 

Avec un tel point de départ, tout est permis, et c’est justement cette liberté créative que le quintet cherchait. Anders Persson (batterie), Christian Lindell & Karl Gustafsson (guitares), Per Lengstedt (chant), et Fredrik Petersson (basse) nous basculent donc dans la Suède d’il y a quelques siècles pour nous narrer les aventures de cet héros anonyme, qui pourrait bien être vous avec un peu d’imagination. Pour ce faire, le groupe n’a pas lésiné sur les efforts. The Host est sans conteste son album le plus agressif, le plus complet, le plus riche et le plus dense, mais aussi celui qui se rapproche le plus d’une hybridation entre KING DIAMOND et RHAPSODY. Toutes proportions gardées évidemment, la patte des suédois leur permettant d’éviter les comparaisons trop embarrassantes.  


L’album est une entité polyvalente, montrant toutes les facettes de ce qui est devenu notre propre style, notre identité et notre sens de la mélodie, tout en explorant de nouveaux horizons. Certains de nos titres sur ce disque sont les plus rapides et les plus extrêmes que nous ayons composé. Il y a aussi des morceaux qui s’apparentent presque à des power-ballads. Tout cela se mélange parfaitement sur le plan musical et s’adapte à la dramaturgie de l’histoire.

 

PORTRAIT est donc sûr de lui, et il y a de quoi. Pas besoin d’avoir digéré l’album dans son intégralité pour réaliser que le quintet suédois est passé à la vitesse supérieure, la qualité des compositions et la durée de l’œuvre en étant des preuves tangibles. Comme tout concept-album qui se respecte, The Host diversifie les ambiances et les humeurs en proposant des atmosphères complémentaires, entre folie rythmique presque Thrash et délicatesse à la MAIDEN/HELLOWEEN (« One Last Kiss », magnifique évolution qui combine fougue intense et nuance avec beaucoup de brio et une basse immense). Le suivi est donc très simple, même si le double album est sacrément tassé pour que tous les évènements puissent y rentrer.

Il est donc très difficile de décrire le contenu d’un album aussi intense. Avec une moyenne de cinq minutes par composition, les suédois n’ont pas joué la facilité, et auraient pu se vautrer dans les grandes largeurs. Après tout, on ne compose pas un Operation Mindcrime, un Metropolis 2000 ou un The Metal Opera tous les quinze jours, même avec tout le talent du monde entre ses mains. Pourtant, The Host coche toutes les cases de la réussite, et ce, dès ses premières mesures.


Combinant avec fougue et intelligence les tics du Metal extrême et les mélodies du Heavy traditionnel, PORTRAIT nous brosse les aventures de ce héros sans nom avec un brio exceptionnel, et « The Blood Covenant » de pousser tous les compteurs dans le rouge, entre Heavy Black mélodique et Heavy Metal très épique. Doté d’une énergie incroyable, et d’une souplesse indéniable, ce sixième né pourrait bien incarner le pinacle d’une carrière, qui culminerait sur la montagne « Treachery », sommet autrefois atteint par MERCYFUL FATE dans ses heures les plus osées et critiques.

Je vous laisserai évidemment le plaisir de la découverte, mais attendez-vous à des charges rudes, comme celle qui introduit « Sound the Horn », entre Thrashcore et crise d’épilepsie grandeur nature. Les suédois n’ont donc pas hésité à aller jusqu’au bout de leur démarche en quête d’absolu, et une fois encore, la voix incroyable de Per Lengstedt, entre King Diamond et Warrel Dane fait des merveilles, et taquine des aigus exceptionnels de maîtrise.

Il est évidemment impossible de s’attarder sur tous les titres de cette formidable livraison. Mais on peut en reconnaître le caractère hors du commun, entre déluge de plomb et or massif, bataille rangée et repos du guerrier, victoire et défaite dans le sang.

Comme tout concept album qui se respecte, The Host s’écoute dans son intégralité, et se suit en lisant les textes, puisque l’œuvre est un tout indivisible et inséparable. A chacun de juger de l’intérêt de cette histoire inventée de toute pièce, mais qui devient sous la houlette de compositeurs doués une chanson de barde qui écume tous les villages pour y narrer les mésaventures dont il a eu vent. « The Passions of Sophia », épilogue monstrueux conclut en grandes pompes cette aventure héroïque, en résumant toutes les options précédentes. Dramatisme, mélodies, puissance, violence, délicatesse et brutalité, les nuances sont nombreuses, et le sentiment d’achèvement palpable.


PORTRAIT vieillit, mais devient de plus en plus convaincant. L’image que le groupe renvoie n’est pas celle d’un visage marqué par les rides, mais bien celle d’un regard bleu azur qui se perd dans le passé tout en anticipant l’avenir.  

          

Titres de l’album :

01. Hoc Est Corpus Meum (Intro)

02. The Blood Covenant

03. The Sacrament

04. Oneiric Visions

05. One Last Kiss

06. Treachery

07. Sound the Horn

08. Dweller of the Threshold

09. Die in My Heart

10. Voice of the Outsider

11. From the Urn

12. The Men of Renown

13. Sword of Reason (The Steel of Revenge)

14. The Passions of Sophia


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par mortne2001 le 21/06/2024 à 19:41
95 %    637
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Merci pour cette belle chronique.Voici notre site.https://burningdead-official.com/fr/categories/

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