Swallow the Sun + Avatarium + Shores of Null

Avatarium, Shores Of Null, Swallow The Sun

Secret Place, St Jean De Védas (France)

du 23/04/2023 au 23/04/2023

Décidément, la météo se met en accord avec le programme de concerts. La pluie est venue – enfin – tomber pour accompagner cette fois le Doom à l'affiche de ce soir. La tête était déjà venue il y a quelques années (il tombait déjà de l'eau), et je dois admettre que j'ai regardé qui les escortait pour prendre ma décision quant à cette soirée annoncée depuis longtemps.

Alors que je pensais arriver assez large, SHORES OF NULL avait déjà commencé tandis que je passai les entrées. C'était pourtant sûr que les sets de ce soir n'allaient pas avoir la durée du Fastcore ! Il a donc fallu s'y plonger direct mais j'en ai eu pour plus d'une grosse demi-heure de jeu, donc largement de quoi en profiter. Et Dieu sait que ce groupe a imposé, en dix ans, l'Italie sur la carte de la scène du Metal triste et vaut mieux qu'une simple première partie. Ils ont généreusement envoyé un Doom mélodique puissant, aux teintes Death, où le chant déprimé l'emporte sur les growls qui sont présents mais réduits à la portion congrue. L'écriture des morceaux est résolument mélodique, efficacement lancinante, déliée. On pensait assez volontiers à My Dying Bride quoique les titres soient plus simples, peu acoustiques et un peu plus directs. Et ça, c'est plutôt dans l'esprit de groupes comme feu Ghost Brigade ou Insomnium, créant une ressemblance inattendue entre les rivages (…) de la mer Tyrrhénienne (ils sont Romains) et la Baltique. Puis on réalisait que la batterie assure des parties complexes malgré la lenteur du tempo, elle charpente solidement l'ensemble à un certain niveau d'intensité qui raccroche clairement le propos à la sphère extrême, sans nuire à un positionnement pourtant introverti et porteur d'émotions d'autant plus élégantes qu'elles ne s'égaraient pas en complications excessives. À l'image de la communication sobre mais suffisante du chanteur. Vraiment, on tient déjà un classique qui a encore beaucoup à donner… le seul conseil que j'oserais est justement pour le chanteur : qu'il arrête les cheveux longs maintenant s'il veut sauver à moyen terme ce qui lui reste, personne ne le jugera !


Le fond sonore à la pause m'a donné furieusement envie de me replonger dans Type-O-Negative. L'assistance était correcte sans être pléthorique, plus élevée néanmoins que pour le premier passage des avaleurs de soleil selon mes souvenirs, mais avec beaucoup de gens nouveaux. Il faut dire que ça devait drainer tous les fans de Provence (la première partie de la tournée était passée à Toulouse) et que les fans de Doom bien Metal n'ont pas souvent l'occasion de sortir dans le secteur proche. On était très souvent venu en couple.


AVATARIUM rejoignait ce soir la tournée pour sa première date, se substituant à Draconian. Montpellier n'est pas l'endroit le plus pratique pour cela quand on vient de Suède, mais enfin ils étaient là. Et le changement d'époque était net. Le combo, fondé par Leif Edling en personne comme on sait, joue comme si les années 70 n'avaient jamais pris fin. Les tignasses fournies, l'orgue numérique et la légère veste longue soyeuse et rouge de la chanteuse étaient un bon indice. Ils ont envoyé un Doom Rock épique, voire très narratif avec des phases très nettes dans chaque morceau, dans la droite lignée de Solitude Aeternus, Candlemass (forcément !), et plus lointainement de tout le Rock occulte d'il y a cinquante ans, mais sans le décorum et le thème... L'orgue sonne ultra typé et son rôle était souvent celui de la seconde guitare rythmique en réalité, notamment quand Marcus Jiddell le guitariste partait en solo. Et certains étaient brillants.

N'empêche que la chanteuse Jenny-Ann Smith est le maillon le plus fort du quintet d'une part avec son charisme extraverti, plutôt expansif en paroles aimables, son expression scénique assez ample aussi pour faire un peu le spectacle, que ce soit sur les titres où elle empoignait la guitare sèche, les cymbalettes ou les mains libres. Et d'autre part avec sa voix, chaude et également expressive, qui apportait un peu de personnalité à une musique certes authentique mais pas franchement novatrice. Cela marchait bien auprès des premiers rangs. Le succès de Ghost a fini par rejaillir largement sur l'ensemble de cette scène, au bénéfice de formations indépendantes qui y ont glané leur part de succès. Pour ma part, comme j'en écoute peu, j'en ai profité comme d'une escapade. Et tout cela m'a rappelé aussi des aspects de The Gathering, les concerts de l'époque Rock qui dégageaient des impressions similaires bien qu'Avatarium soit nettement moins avant-gardiste et à l'inverse franchement orientée vers un passé très identifiable. Une heure de show est passée agréablement, même s'il faudrait que j'y re-goûte pour voir si les compos sont vraiment bonnes ou si elles sont juste tellement légères et joliment restituées qu'un auditeur de passage s'y laisse prendre.


SWALLOW THE SUN venait enfin, après une longue introduction enregistrée. Les bougies électriques posées sur les amplis derrière donnaient un semblant de décor funéraire. Et il s'avéra très vite que le groupe n'a pas viré de cap. Les Finlandais étaient tous en capuches à part l'un des guitaristes ; ils étaient cinq, le claviériste ayant disparu depuis l'autre fois. Ils ont déroulé nonchalamment leur Doom tout en harmonies, qui formait paradoxalement la musique la moins facile d'accès ce soir. Pour autant, ils ont désormais une forte base de fans et les gens étaient incontestablement venus pour eux. Ces bons connaisseurs de l'épais répertoire – huit albums – étaient donc captivés. Le chant tirant vers le Black ne surplombait pas spécialement l'ensemble, qui sonnait bien lisse. StS avait d'ailleurs son propre ingé' son dans la cage. De temps à autre, le guitariste qui avait les cheveux à l'air assurait des chœurs bien growlés. La communication marmonnée et minimale collait bien à l'ensemble, sans doute.

Ils nous firent classiquement osciller entre leur dernier disque et des classiques. N'allez pourtant pas imaginer que j'ai fini par décrocher : malgré un taux d'alcool descendant à mesure, j'ai profité de ce Doom devenu classique, émancipé de ses références antérieures pourtant certaines. On peut s'y immerger sans peine malgré le fait qu'aucun riff, aucun effet quelconque ne m'ait spécialement marqué une fois tel titre terminé, ni même après que le concert soit achevé. Sans doute, les premières mesures étonnamment rapides et Black de l'un des ultimes morceaux ont pu surprendre quelques instants, avant que l'on ne retombe dans la lenteur déprimée sur laquelle tout glisse. Pas d'intermède acoustique cette fois, le temps de jeu réduit à une grosse heure restant nettement plus court qu'en 2015 ce que j'ai du mal à m'expliquer. Mais au moins, on n'a pas eu le temps de s'en lasser.


Pour finir, même si le concert de ce soir n'était pas trop dans ses goûts, je voudrais rendre hommage ici à Guillaume "Ged" Dumazer, dont le décès est survenu ce même weekend.

Fondateur du blog Nawakculture et collaborateur à de multiples fanzines largement consacrés à notre univers musical et ses voisins, ce passionné voyageait volontiers à la rencontre des artistes, musicaux, littéraires ou graphiques qui avaient captivé son intérêt. Ou encore pour voir les lieux qui lui semblaient devoir être beaux. Il avait également organisé beaucoup d'événements. Son aisance à l'écriture, facilitée par un don certain pour l'observation fine et une sensibilité personnelle qui ne demandait qu'à s'exprimer, lui a permis ainsi de rendre compte de centaines de concerts, d'albums, de lectures, de rencontres et d'excursions plus ou moins lointaines. De plus, c'était une vraie mémoire vivante de la scène régionale sur trois décennies.

Nous n'étions pas spécialement proches, mais nous côtoyions souvent au pied des mêmes scènes depuis presque vingt-cinq ans, encore il y a quelques semaines en ce même lieu au concert de Wormrot, et parfois jusqu'à l'univers si différent de la feria de Béziers. Son engagement m'inspirait un grand respect, que je regrette de ne pas lui avoir mieux exprimé peut-être de son vivant. Il peut nous quitter avec fierté.


par RBD le 26/04/2023 à 12:09
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