Insanity Alert + Sekator + Detoxed

Detoxed, Insanity Alert, Sekator Thrash

Secret Place, St Jean De Védas (France)

du 27/11/2022 au 27/11/2022

Tiens, voilà un petit moment que je n'étais pas retourné à la Secret Place et encore plus pour un concert à l'intérieur de la salle. J'avais eu une petite hésitation car ce même soir Ulcerate, dont je suis grand fan, était programmé à Toulouse en première partie de Mgla. Mais l'accumulation de trajets sur l'A61 a fini par me lasser, on les reverra sur une prochaine tournée. Une bonne petite soirée Thrash live comme on l'aime par chez nous allait compenser largement, et pour cette fois on allait enfin voir une tête d'affiche qui était souvent venue ici mais que je n'avais encore jamais vue, ayant systématiquement fait les frais de précédents arbitrages d'agenda… Il était temps de réparer cette ingratitude. Arrivé bien à l'avance sous les premières gouttes, je constatai que l'affluence était moyenne, regroupant les grands habitués. Peut-être est-ce la conséquence de ces fréquents passages. Au stand du merch' sous le préau, un panneau cartonné préludait un gimmick.

Les hostilités promettaient d'être sévèrement ouvertes avec DETOXED, renommé ponctuellement Detoxed Roots car actuellement ils délaissent leur répertoire propre pour faire des sets de reprises de Sepultura. Le quartet est formé de musiciens de niveau professionnel passés par des groupes comme Hord, Kalisia ou la légende locale du siècle dernier Explicit Hate… Et il fallait bien ça pour relever le gant car il y a trois semaines les originaux avaient été énormes. Attaquer par "Troops of Doom" et "Inner Self" tombait très bien puisque ces périodes ont été délaissées par les Brésiliens sur la tournée actuelle. Le noyau dur de la Mosher Team ne se faisait pas prier pour lancer la fosse et la course en cercle autour du poteau. Les refrains connus de tous étaient repris au micro par les plus fanatiques. Il est incontestable que des classiques pareils sont imparables, surtout quand ils sont restitués au poil notamment au niveau des solos par Loïc Tézénas. Le programme oscilla ensuite entre des extraits de "Chaos AD" et "Arise", où le chant était légèrement plus thrashy que les profondes gutturales des originales bien qu'il suivît scrupuleusement les originales (y compris la descente de ton du dernier couplet de "Refuse/Resist" : encore une fois, tout se joue sur les détails…). Naturellement, cette setlist était favorable à de bonnes blagues de part et d'autre de l'estrade. Nous en sortions chauds bouillants pour la suite. De toute façon à long terme, lorsque tous les grands classiques auront raccroché et que le public sera de plus en plus formé de gens trop jeunes pour les avoir vus, les reprises live deviendront encore bien plus fréquentes qu'aujourd'hui.


SEKATOR évolue désormais en trio mais n'en a pas pour autant dévié de cap, et la transition coulait de source. Pied au plancher, les Montpelliérains envoient un Thrash très rapide teinté de Death et de HardCore. Le chant rauque partagé par le guitariste et le bassiste souligne ces influences. Avec un riffing lourd et agressif, on pensait immanquablement au vieux Sepultura et aux moments inspirés d'Incubus/Opprobrium, ou encore à Slayer, Exodus ou Kreator. La batterie tapait fort et entraînait le pit pour lequel les compositions sont taillées, sans recherche d'effet superflu. Chauvinisme à part, j'apprécie le travail d'un jeune groupe qui envoie très généreusement le pâté dans une formule ultra-naturelle conçue dans un objectif précis. Le côté sérieux et un peu sombre qu'ils ont toujours affiché y donne encore plus d'intensité, un côté Thrash de Néandertalien mécontent. À la longue les morceaux finissent néanmoins par se ressembler passablement pour ceux qui ne s'étaient pas jetés à corps perdu dans la fosse. L'efficacité de ces départs basiques à la guitare débouchant sur un feu roulant martelé par une batterie au galop constant est vieille comme le Thrash. C'est irrésistible dans une bouilloire humaine comme la Secret Place, mais un peu redondant pour ceux qui écoutent s'il manque un solo bien senti, un break ou un effet quelque part qui distinguera le morceau. Néanmoins le groupe est encore jeune et a tout le temps de progresser encore s'il souhaite perfectionner ce côté... ou en explorer d'autres. Une reprise de Toxic Holocaust en avant-dernière position passait parfaitement. Pendant tout ce temps, Kevin Stout d'Insanity Alert s'était assis dans un coin de la salle près de la scène pour regarder d'un œil sur son téléphone le match de coupe du monde en cours et le groupe local de l'autre. Un bref rappel fut accordé après un moment d'hésitation un poil trop long, pendant lequel la moitié du public était déjà sorti.


Les quatre membres d'INSANITY ALERT installèrent eux-mêmes leur scène vêtus de peignoirs de boxe fluorescent du plus savoureux mauvais goût, puis se retirèrent le temps qu'on lance une intro' de Nintendo. De retour en tenue plus pratique, les skaters Tyroliens ont déroulé un Thrash Crossover des familles avec un enthousiasme contagieux. Il apparut rapidement que le moteur du groupe était son petit chanteur d'origine Néerlandaise, un véritable Monsieur Loyal trépidant qui présentait tous les titres avec truculence et un débit vocal calé aussi rapide que le tempo des morceaux. Prétendant habiter Paris, il mélangeait un bon français langue étrangère avec l'anglais selon ce qui lui venait le plus vite. Au fil du set se développe la vie comique d'un éternel adolescent qui a bossé chez Ikea et se masturbe compulsivement, qui se paie un peu la tête de son nouveau bassiste surnommé "le visage" (?). Cette attitude colle au style musical. Pour renforcer ces interactions, "Heavy Kevy" brandissait des panneaux cartonnés où étaient recopiés les refrains ou des exhortations destinées à une fosse qui était déjà déchaînée. Il était vain de jouer les coincés au bord, ce tabassage ludique et féroce restituait l'âme même de la rencontre du Thrash et du Punk-HC scellée dans la lointaine Amérique il y a quarante ans déjà. Kevin Stout balançait les panneaux dans le public à mesure, où ils finissaient impitoyablement déchiquetés par le magma de moshers en furie. La politique s'invitait lorsqu'une des pancartes proclamait "Picon à la place de Macron" (mais comment ne pas adhérer ?). Et naturellement, tout cela atteignit son sommet avec la fameuse reprise parodiée d'Iron Maiden "Run to the Pit…" reconnaissable dès le premier coup de batterie. Les idées les plus simples sont parfois les plus géniales. Même ceux qui ne connaissaient pas les compos originales d'Insanity Alert pouvaient communier à une musique connue de tous mais aussi à l'esprit blagueur du combo. Comme on se disait en sortant, ce n'est pas le groupe que tout Métalleux va vouloir écouter chez soi, mais qui fait plaisir à voir. En tout cas on n'a pas du tout senti le temps passer ce qui veut tout dire.


C'était un bon petit concert, bien taillé pour les moshers locaux dont la réputation nous a déjà attiré tant de dates dans ce genre. Avec les fêtes de fin d'année à l'horizon, il n'y aura plus beaucoup de concerts envisageables en 2022 et une soirée qui met de bonne humeur était toujours à prendre.


par RBD le 01/12/2022 à 12:00
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